Tiens, voilà du boudin, voilà du boudin....
Une de ces agréables surprises dont Arte cultive le secret pour les cinéphiles !
Un étonnant télé film tchèque de 2020 flanqué d'une version française particulièrement soignée mais méfiez-vous des titres homonymes : les vétérans font recette et plusieurs films portent ce nom...
Je vous l'accorde : l'affiche n'est pas particulièrement "vendeuse" non plus, et pourtant, voici une histoire qui ne manque pas d'intérêt ni de vérité...
Un homme marié et père d'un enfant, Martin, en disgrâce avec la Justice de son pays parce qu'il aurait joué les pyromanes et fait des victimes, s'engage dans la Légion étrangère pour se refaire un casier judiciaire vierge sous un faux nom... Vingt ans de guerre plus tard, il regagne le domicile de sa mère entretemps décédée, et découvre un environnement de désolation et de ruines. Sa sœur, mariée à un fainéant alcoolique qui la brutalise, le reçoit plutôt fraîchement dans la maison maternelle... Au détour d'une rue, il aperçoit trois hommes en train d'en molester un quatrième qui n'est autre que le fils d'un riche élu municipal... Au fil des visites, la fille de celui-ci et Martin nouent une relation amoureuse... Martin fait part de son ambition d'ouvrir une cafétéria mais l'élu municipal ne voit pas cette idylle d'un bon œil après avoir enquêté sur le passé de Martin...
Le scénario, très plaisant mais violent, constitue une fine analyse psychologique de l'humanité fondamentale d'un personnage et de sa tentative de rédemption. Il ambitionne de repartir à zéro dans la vie et c'est l'adaptation par Marek Epstein l'auteur de la pièce éponyme ... L'amour s'offre de nouveau à son héros, après les guerres qu'il a vécues.. Il s'agit d'un téléfilm très construit et qui tranche avec la mièvrerie de beaucoup de nos téléfilms français aseptisés. On entre ici facilement dans l'histoire sans s'en rendre compte...
D'autant que le casting est une félicité ! Milan Ondrik, de ressemblance lointaine avec Claude Brasseur, personnifie admirablement le rôle de Martin et on ne s'ennuie pas, tant les actions se succèdent à un rythme soutenu... Marie Poulova au visage énigmatique, lui offre une réplique aussi étonnante que convaincante, même si leur union ressemble au mariage de la carpe et du lapin : ne dit-on pas que les extrêmes s'attirent ?
Autre réjouissance : la musique qui illustre parfaitement l'image sans devenir intrusive...
Comme le reste, la photo est particulièrement soignée et le réalisateur, Jan Hřebejk, (1967/ ---) a déjà neuf autres mises en scène à son actif depuis 1993. Il est aussi scénariste et conseiller municipal de Prague depuis 2018 et a suivi les cours de l'Académie tchèque des arts de la scène
et de l'Académie du cinéma de Prague...
Hélas, ce télé-film qui aurait mérité le grand écran, nous laisse sur notre faim à la fin... et malheureusement dubitatifs, perplexes !
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Arte le 28.06.2024-