Sans être la petite pépite coréenne qu’on espère quand les premiers « Shibaaaaal » s’annoncent dans le casque, Veteran est un divertissement honnête. Bien gaulé, énervé quand il le faut (cette pauvre Mustang, siiiic), il file à la fois le sourire et l’envie de déboiter sec ce qui est certainement le pire salopard vu sur un écran depuis des lustres. Quand l’enfoiré ne torture pas du marmot, il dérouille des femmes enceintes avec délicatesse ou dézingue dans la douleur ses employés qui osent se plaindre. Un bon enfoiré bien corsé, servi par une petite frappe d’acteur qui fait parfaitement illusion, il n’en faut pas plus pour générer de l’envie : celle de le voir en prendre plein la tronche au moment opportun (même si on est loin du combat rédempteur emprunté aux Van Damme de la belle époque (avec les grimaces et tout)).
On pourra reprocher à Veteran son équilibre bancal entre humour bas de plafond et sous-texte social plus terre à terre, entre castagne sèche et avancées cavalières d’une intrigue qui abuse de ficelles dramatiques prévisibles, ainsi qu’un rythme un tantinet langoureux. Mais à aucun moment, ni l’envie de bien faire, ni la maîtrise technique de Ryoo Seung-Wan ne sauraient être remises en question. Il annonce d’ailleurs la couleur dès la première baston : entre deux blagues, il sort l’artillerie lourde et s’éclate comme un fou à chorégraphier son film. On retrouve la fougue dont il faisait preuve dans le frénétique City of violence par exemple, même si ce dernier est à mon sens plus homogène.
Idéal en guise de séance récréative pour calmer la frénésie d’une semaine chargée, Veteran sait se rendre sympathique parce qu’il ne paraît jamais forcé. Ryoo Seung-Wan ne cherche à aucun moment à travestir son film pour coller au plus près aux polars nerveux qui ont fait la réputation du cinéma coréen. Non, son envie non dissimulée de proposer un divertissement sans complexe, mais particulièrement soigné niveau mise en scène, est à saluer (et pas qu’une fois !) à une époque où il est toujours de bon ton de vouloir en faire trop, de peur de passer pour le vilain petit canard qui se contente d’être ce qu’il est… remember le second The raid, pour ne citer qu’un (mauvais) exemple.