Dans les années 90 à l'aube de la rétrocession, Hong Kong a connu une grande vague de polar de plus en plus noir, témoignant de la peur de leurs auteurs et de la population envers le retour très proche de la Chine, menaçant la liberté des citoyens et leur identité sino-occidental propre au territoire. Parmis eux : Ringo Lam connu pour ses films donnant une vision très réaliste et cru de la ville de Hong Kong et de l'humain en général. C'est alors qu'en 1999, seulement deux ans après la rétrocession, que Lam accouche de son œuvre sans doute la plus sombre.
Un film à l'intrigue bien tenue. Et surtout un thriller à ambiance. Ringo Lam prend le temps d'installer avec sa caméra lancinante et la bande originale une atmosphère glauque; parfois même surnaturel, chose assez étonnante aux premiers abords de la part de Ringo Lam. C'est en cela qu'on arrive au point le plus important du film : l'utilisation du fantastique. Là où le fantastique est généralement propice à l'intrusion d'un élément surnaturel dans le réel. Dans ce cas Ringo Lam prend ce principe à contre pied en introduisant progressivement le réel au surnaturel, pour finalement dépeindre ce qu'il a toujours fait : une réalité fataliste et ultra violente. Une utilisation du fantastique plutôt atypique et rondement menée.
Un récit qui ne prendrait pas vie sans son très bon casting à commencer par l'excellent Lau Ching-wan qu'on a vu plusieurs fois dans les projets de Johnnie To et dans Full Alerte de Ringo Lam, qui ici livre une prestation habitée, parfois même possédée qui tranche avec ce qu'il a fait auparavant et ce qu'il fera plus tard ! Sans oublié le très connu Tony Leung Ka Fai.
Un petit bijou du polar Hong Kongais, cru, noir et désespéré, à l'utilisation du fantastique moins commune et c'est en cela que réside sa véritable force.
Pour l'instant mon métrage préféré du réalisateur, et qui occupe une place étonnante et plus méconnue dans sa filmographie.