"Ce n'est pas parce qu'in n'a rien à dire qu'il faut fermer sa g... "(Michel Audiard)
Lutter contre les violences oui, mais comment discerner le vrai du faux ?
Et elles commencent et s'arrêtent où ?
Chant du cygne pour le romancier allemand Lars Becker (1954-) qui signe ici le scénario et la réalisation de son dernier film en date ?
Difficile de faire du neuf dans les films traitant de la violence faite aux femmes tant le sujet a déjà été traité plus ou moins bien... Dommage, le récit n'est pas lassant mais manque d'ambition : un peu pépère et poussif même car Becker semble privilégier les scènes pantouflardes en studio...
Et il nous faut subir ces flash-back qui nuisent encore plus à l'impression d'immobilisme du film...
C'est un peu compliqué par moments à suivre, pourquoi ne pas faire plus simple ?
C'est un des travers de littéraires abordant le cinéma que de meubler un texte de roman (où on a le temps de la réflexion) de la même manière qu'un film où le cerveau n'a pas le temps parfois de tout ingérer tant les évènements se suivent rapidement, sans répit...
Ce qui est le plus réussi dans cette histoire morbide de violences conjugales, c'est son casting : on n'a pas la sensation d'avoir vu les comédiens "à toutes les sauces" et ils incarnent tous parfaitement leurs rôles ! Encore moins de suivre un des épisodes consternant des "Meurtres à " du service public français.... Prenant, mais sans plus...
Hélas, trois fois hélas, ce film sombre dans la tendance actuelle où on se demande si le crin-crin musical est additionnel au film et vise à le mettre en valeur, ou si on nous fait entendre avant tout de la musique et que l'histoire n'est qu'accessoire, secondaire...
On se demande même ce qu'a fait Lars Becker à Hinrinch Dageför et Stefan Wulff pour lui avoir sabordé, pollué son film à ce point-là ! La musique aurait-elle été saupoudrée ça "au pif" et à l'aveugle pour faire joli ?, Les responsables du forfait ont-ils même seulement visionné l'aventure tant leur charivari surgit inappropriée, vide de sens, inutile... mais alléluia sans basses du genre tam-tam africain !
Le scénario se suffit à lui-même pour créer une ambiance anxiogène intelligemment menée.
Hélas ça semble devenu une manie des films, et téléfilms actuels tout comme les drones : il faut qu'on vous écorche les tympans comme ces archets les cordes du violon de tante Estelle !
Infect, déplacé, prétentieux et allant à l'encontre de l'objectif visé...
Quand on supprime la musique à l'équaliseur, le film est bien plus intense : Hitchcock l'avait bien compris, lui ! Souvenons-nous dans "la mort aux trousses" de sa scène dans le désert où Cary Grant attend on ne sait trop quoi, dans un silence de mort ...seulement rompu par le vrombissement d'un avion qui tourne et tourne aux alentours, censé répandre de l'insecticide et engrais se dirigeant soudain vers le piéton isolé...
Arte le 19.11.2022, 23.11.2022, 01.12.2022-26.01.2024-07.02.2024-16.02.2024-