Victor
5.6
Victor

Film de Claude Heymann (1951)

Un célibataire, c’est quelqu’un qui peut descendre de son lit des deux côtés.

Mais quelle drôle d'idée de France 3 de nous ressortit cette daube dans le cadre de ses "nuits du cinéma" ? Sauf à pouvoir l'enregistrer , qui peut regarder ça de 1h10 à 2h35 : des insomniaques ?..

D'après le présentateur (qu'on ferait bien de changer car il devait avoir sniffé...) le réalisateur, Claude Heyman, (1907-1994) ancien assistant entre autres de Jean Renoir et Luis Buñuel, aurait été un des plus prisés de son époque... Ou bien il s'agit d'une réputation surfaite, ou alors ce film n'est pas très représentatif de son œuvre... Pas très prolifique, il l a mis en scène 11 films de 1932 à 1954.

Ne parlons pas de ce titre stupide qui n'a pas dû être très vendeur ! Et dont ce n'est d'ailleurs pas un cas isolé... On trouve bien d'autres Victor malgré une image obsolète... Ça en dit dajà long sur le niveau de recherche créative.

Heyman devait être aussi un tantinet pantouflard : répliquer une histoire conçue pour le théâtre présage des tournages de bureaucrate pépère. Ce récit est transfuge d'une pièce de Henry Bernstein, qui rencontré un certain succès sur les planches avec Bernard Blier dans le rôle principal.... Mais si peu convaincant sur sur un studio de tournage...

Après un titre peu attractif, ça continue mal : le générique s'affiche sur le mur crasseux d'une prison qu'on voit défiler...

Cette impression défavorable continue dès les premières scènes.... qui se déroulent en taule où on voit débarquer Gabin, visiblement satisfait d'y pénétrer et retrouver des potes... Et là, ô surprise, on découvre qu'en 1951, les prisons étaient déjà surpeuplées ! Si Dupond-Moretti voyait ça : trois vacanciers par geôle... Séjour très vite abrégé pour bonne conduite: on découvre que le taulard Gabin s'est dénoncé et a payé à sa place pour protéger un ami qu'il admire et qui ne lui veut pas que du bien : une crapule abominablement "friquée"...

On voit qu'on a déjà à faire à l'idiot du village, ou neu-neu si vous préférez...

Je vous fais grâce des marivaudages qui vont suivre où la femme de l'escroc précité est amoureuse de lui. Elle l'accueille à sa levée d'écrou dans sa superbe voiture dont je ne peux plus me souvenir de la marque, probablement rapidement disparue après guerre... Si jamais vous étiez expert en voiture de collection...

Je ne dévoile jamais les intrigues de films mais ce château de cartes est construit de plans inutiles, de séquences sans intérêt, témoignant du mal qu'on a eu à remplir les 90 minutes syndicales de pellicule... Ennuyeux à pleurer et agaçant : on a d'autant plus envie de secouer cette nouille de Gabin que lorsqu'on voit les personnages de durs qu'il a tourné ensuite : des maffieux, des chef de bandes... Gabin, lui a fait la seconde guerre mondiale, et a eu du mal à se réinsérer dans le milieu du cinéma et retrouver sa popularité : 1951 semble une année faste pour lui car trois de ses films sortiront des laboratoires cinématographiques cette année-là...

Il ne met pas beaucoup de dynamisme dans cette histoire rocambolesque, en jouant mollement, et en susurrant plus ses phrases doucereuses et mielleuses que s'il déclamait sur les planches. La conséquence est que ses propos sont souvent proches de l'inaudible, au point qu'on finit par s'en foutre et ne plus chercher à comprendre... Le rôle ne convient pas du tout à l'acteur, on y eut préféré Bourvil, et on s'ennuie. Les trucages sont aussi mauvais que le reste : la jolie voiture précitée semble faire des sauts de kangourou et le déroulement du paysage par ses fenêtres présente des variations de vitesse étranges... Enfin ça pue horriblement le décor fait de bric et de broc... Budget misérabiliste ?

L'image est conforme mais plate, sans ingéniosité mais efficace, et l'ingénieur du son doit avoir appris son métier dans les baraques foraines : même avec une barre de sons haut de gamme sur sa télé, on ne perçoit parfois que des bribes de conversation et c'est fastidieux... Mais ça vient peut-être d'une pellicule usée et non remastérisée ? Le pire vous guette en permanence : l'horrible musique de Marc Lanjean qui nous impose un capharnaüm musical en totale inadéquation avec l'intrigue : le musicien eut mieux fait de poursuivre dans la médecine que tenter d'imiter Ray Ventura bien plus doué ...

Tout est raté alors que reste-t-il ? Le casting ? le jeu de Françoise Christophe (1923-2012) est bien terne : ça une femme amoureuse ? Jacques Morel, homme de théâtre essaie bien de mettre un peu de dynamique et de gaîté dans cette ambiance glauque... Heureusement, il y a aussi Brigitte Auber qui l'y aide mais on se demande quand même comment un taulard libéré redevenant artisan pouvait s'offrir les services d'une dactylo ?... Belle de surcroît... Elle a 97 ans en 2022, une des rares actrices françaises a avoir tourné avec Hitchcock, et probablement seule survivante a avoir émargé dans ce film.

Mon coup de chapeau ira à Jacques Castelot, français né à Anvers (Belgique) (1914-1989) le frère de l'historien : l'acteur est riche de plus de 80 films et d'une trentaine de rôles au théâtre... C'était probablement l'acteur le plus haï de plusieurs générations car on lui confiait toujours des rôles antipathiques : escrocs, faux-jetons, flatteurs, vicieux, hypocrites, traîtres (...) dans lesquels il excellait... J'espère que c'était des rôles de composition, mais quel talent poutinien à se faire détester !

Chapeau l'artiste...

France 3 le 08.10.2022-

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le 9 oct. 2022

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