Genre trompeur

Dans le Paris de 1934, une magnifique chanteuse soprano qu’aucun établissement ne souhaite engager erre dans la misère et la famine, jusqu’à ce qu’un ami homosexuel, chanteur dans une boîte homo, lui fabrique une nouvelle et salvatrice identité. Travestie en travesti, Victoria devient alors Victor, et grâce à cette éclatante émancipation « masculine », elle chante et accumule les succès dans tous les music-halls du Gay-Paris des années 30. Malheureusement pour l’équilibre de ce stratagème de survie, un viril businessman semi-gangster, totalement déstabilisé par ce genre d’attirance, tombe amoureux de « lui ».
Deux heures de joie, divertissement, amitiés, chansons, danses et vaudeville craquant de vie et d’humour subtil, habillent tout du long cette comédie romantique de 1982, brillant remake du Viktor und Viktoria Allemand de 1933. Mené avec grâce et maestria par l’excellente chanteuse-danseuse-actrice Julie Andrews et James Garner, il est en même temps une insolente défonce des stéréotypes, une dénonciation de la condition féminine, un pamphlet tout en finesse des hétéro terrorisés et perclus de certitudes, une invitation à l’envergure d’esprit, aux rires et aux spectacles de cabaret.