Les premières minutes de Victoria déroutent tant Justine Triet nous balance volontairement des tas d’informations à propos de son anti-héroïne. Victoria est une mère élevant seule ses deux filles, son ex est le genre de type fumeux se servant de sa vie d’avocate pour accomplir une œuvre nauséabonde; son ami marié lui apporte plus de galères que de satisfactions. L’ambiance est lourde mais est un passage nécessaire pour le spectateur pour réaliser que Victoria est malheureuse, coincée avec des gens qui lui pompent son énergie au lieu de lui apporter quelque chose.L’arrivée de Sam, plus jeune qu’elle,c’est l’intérêt du film car on se demande vraiment s’il est taillé pour accompagner et comprendre Victoria.Cette rencontre, Justine Triet ne la rend pas forcément explicative et la jauger en même temps que Victoria, c’est tout simplement une bonne idée de mise en scène.Le film, alors balisé d’informations cash, révèle que la longue route vers l’évidence est le souci de cette femme en apparence surmenée,victime de crises d’angoisse car finalement pas assez à l’écoute de ce qu’il lui faut vraiment comme carburant(s) pour se sentir bien dans la vie.Le dernier quart d’heure de Victoria est ainsi la pépite révélant la prise de conscience de la jeune femme comprenant les raisons de ses chaos intérieurs et ses pertes de repères sur son chemin.Cet éveil tardif est pourtant sa planche de salut lui offrant un nouveau départ, celui qu’elle attendait tant. Chapeau aux acteurs du film d’avoir adhéré à cette partition dissonante pour faire jaillir son sens ultime.Quelle audace aussi d’endosser un empilement de scènes chaotiques pour faire comprendre l’essence du film.Dérouté, surpris, passant par plusieurs couleurs, je ne regrette pas du tout d’être allé au bout de ce voyage contrarié car rien n’est plus jubilatoire qu’une illumination dans une existence.