Les premières minutes de Victoria déroutent tant Justine Triet nous balance volontairement des tas d’informations à propos de son anti-héroïne. Victoria est une mère élevant seule ses deux filles, son ex est le genre de type fumeux se servant de sa vie d’avocate pour accomplir une œuvre nauséabonde; son ami marié lui apporte plus de galères que de satisfactions. L’ambiance est lourde mais est un passage nécessaire pour le spectateur pour réaliser que Victoria est malheureuse, coincée avec des gens qui lui pompent son énergie au lieu de lui apporter quelque chose.L’arrivée de Sam, plus jeune qu’elle,c’est l’intérêt du film car on se demande vraiment s’il est taillé pour accompagner et comprendre Victoria.Cette rencontre, Justine Triet ne la rend pas forcément explicative et la jauger en même temps que Victoria, c’est tout simplement une bonne idée de mise en scène.Le film, alors balisé d’informations cash, révèle que la longue route vers l’évidence est le souci de cette femme en apparence surmenée,victime de crises d’angoisse car finalement pas assez à l’écoute de ce qu’il lui faut vraiment comme carburant(s) pour se sentir bien dans la vie.Le dernier quart d’heure de Victoria est ainsi la pépite révélant la prise de conscience de la jeune femme comprenant les raisons de ses chaos intérieurs et ses pertes de repères sur son chemin.Cet éveil tardif est pourtant sa planche de salut lui offrant un nouveau départ, celui qu’elle attendait tant. Chapeau aux acteurs du film d’avoir adhéré à cette partition dissonante pour faire jaillir son sens ultime.Quelle audace aussi d’endosser un empilement de scènes chaotiques pour faire comprendre l’essence du film.Dérouté, surpris, passant par plusieurs couleurs, je ne regrette pas du tout d’être allé au bout de ce voyage contrarié car rien n’est plus jubilatoire qu’une illumination dans une existence.

Specliseur
6
Écrit par

Cet utilisateur l'a également ajouté à sa liste Un film en 2019

Créée

le 1 avr. 2019

Critique lue 170 fois

Specliseur

Écrit par

Critique lue 170 fois

D'autres avis sur Victoria

Victoria
mymp
7

Lost in frustration

Elle fume pas mal, et même beaucoup, comme une pompière, a une vie qui merde chimiquement (dit-elle), sexuellement déserte (ou calamiteuse, au choix), son appart est un bordel qui rendrait fou tout...

Par

le 16 sept. 2016

49 j'aime

2

Victoria
takeshi29
8

Victorira rira pas

Comme l'ont dit en leur temps les fort talentueux Cookie Dingler, être une femme libérée, tu sais c'est pas si facile... Quel bonheur d'avoir rencontré cette Victoria, sorte d'héroïne moderne, femme...

le 22 janv. 2017

40 j'aime

15

Victoria
pphf
7

21st century schizoid woman

Certes Victoria n’est pas sans défauts. Le film hésite, se perd un peu dans le mélange des genres, ce n’est pas vraiment une comédie, même si cela ne peut pas être autre chose qu’une comédie, même...

Par

le 28 sept. 2016

26 j'aime

7

Du même critique

Eiffel
Specliseur
8

Un biopic alternatif remarquable

Ce qui marque d’entrée dans Eiffel est la qualité des scènes d’époque du côté de Bordeaux où de Paris. Martin Bourboulon effectue une mise en scène épatante où chaque détail compte. Les extérieurs de...

le 13 oct. 2021

40 j'aime

Paddington
Specliseur
7

Un petit ours débonnaire dans un film drôle et optimiste

Je comprends mieux pourquoi nos voisins britanniques ont une affection si particulière pour Paddington.Ce petit ours péruvien et déraciné qui débarque à Londres a déjà un regard naïf mais pas tant...

le 14 déc. 2014

25 j'aime

3

#JeSuisLà
Specliseur
7

La destination plus que le voyage

Jesuislà est un film retors car les vingt premières minutes du film ne vous préparent volontairement pas à ce qui va suivre. En effet, le spectateur a tout juste le temps de se baigner dans la vie de...

le 7 févr. 2020

19 j'aime