Comme l'ont dit en leur temps les fort talentueux Cookie Dingler, être une femme libérée, tu sais c'est pas si facile...


Quel bonheur d'avoir rencontré cette Victoria, sorte d'héroïne moderne, femme forte mais paumée, pétillante mais d'une fragilité émouvante, sexy et pulpeuse mais dont les rides délicieuses qui se font jours aux coins de ses yeux ne trompent pas sur le temps qui passe.


Trois ans après sa déjà très prometteuse "Bataille de Solférino" , Justine Triet revient, et cette fois c'est certain, la comédie française est plus vivante que jamais. Quoique répondra le box-office dans les années à venir, le temps des Onteniente & Co est révolu, le rire gras a trouvé à qui parler, les auteurs ne se confinent plus maintenant aux films intimistes, ils sont en train de reconquérir le champ du populaire, au sens noble du terme.


On peut voir en Justine Triet une sorte de pendant féminin d'Antonin Peretjatko, et si cette "Victoria" et "La Loi de la jungle" sont à première vue deux objets bien différents, ils représentent tout deux ce qui pourrait bien être le nouveau cinéma français. Peut-être n'est-ce qu'un vœu pieux mais j'espère que ces jeunes cinéastes hexagonaux vont réussir ce que les fous de la Nouvelle Vague sont parvenus à faire en leur temps : donner un grand coup de pied dans la fourmilière, renverser les codes, démontrer qu'un autre cinéma est possible, et finir par prouver que l'art peut faire trépasser le dollar.


Pour parvenir à ce miracle, cette nouvelle génération de metteurs en scène ne laissent rien au hasard car sous leurs apparentes simplicités, leurs films sont en réalité des cocktails où aucun ingrédient ne manque et dont le dosage semble parfait.


Scénario, dialogues, acteurs, réalisation, rien ici n'est pris par-dessus la jambe. Les références, que ce soit chez Triet ou Peretjatko sont évidentes, elles sont même pleinement assumées. On retrouve d'ailleurs chez l'un et l'autre le sens du burlesque, du rythme, la folie d'un Blake Edwards, et impossible chez cette "Victoria" de ne pas retrouver Billy Wilder et Woody Allen. Les deux s'emparent de la comédie romantique, genre convenu s'il en est, mais la tordent, la détournent, se permettant même de saupoudrer ces marivaudages d'une sensualité palpable, sans pour autant la renier. Et c'est là où leur sens du casting semble presque miraculeux : les couples sont improbables mais on plonge et pas qu'un peu. Au sublime duo Vincent Macaigne / Vimala Pons d'Antonin, Justine répond par un Virginie Efira (tout simplement sublime) / Vincent Lacoste d'une efficacité époustouflante.


En résumé, laissez vos a priori de côté et plongez avec délectation dans la jungle de Victoria, où vous ne croiserez certes pas de boa constrictor mais un dalmatien, un chimpanzé, un lapin, et surtout de sacrés zèbres.

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le 22 janv. 2017

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takeshi29

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