Quand le câble va trop loin…
Bien mieux écrit et bien plus fun que le premier. Cette fois ci le Gary P Cohen a compris la formule : s’orienter plus sur une comédie horrifique que sur un film trash plus sérieux. Du pur film à...
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le 20 mars 2024
À l’époque des vidéoclubs, les distributeurs indépendants devaient redoubler d’ingéniosité pour pouvoir concurrencer les Freddy, Jason et autres croquemitaine des série B mieux huppées. Les contenues offensant prompt à aguicher le chaland étaient plus ou moins conditionnés à leur visuels racoleurs et mensonger. On pense notamment à Microwavre Massacre et sa tête dans un micro-onde, une image forte qu’on ne retrouvait jamais dans le film qui était plus une comédie potache qu’un véritable slasher. Ce genre de pratique douteuse étaient très répandues et un titre accrocher pouvait garantir la rentabilité d’une oeuvre tourné à l’économie de moyens. Gary Cohen en sait quelque chose, puisqu’il fût lui-même propriétaire d’un vidéostore à l’époque. L’idée de Video Violence lui est d’ailleurs venu lorsque le choix d’une jeune maman se porta sur Dismember Mama. La cliente se souciait finalement moins des démembrements mentionnés que par la nudité implicite du film qui aurait pu heurter la sensibilité de ses enfants. Autre temps, autres mœurs, mais cet épisode interroge forcément sur le rapport entretenu par le public des années 80 alors très friands de cinéma gore suite au succès de Evil Dead 2 ou bien de Re-Animator qui avaient poussés les curseurs de l’acceptable dans leurs ultimes retranchements. Ce besoin de se rincer l’oeil et de se confronter à des sujets tabou comme la souffrance ou le meurtre convoque également un autre spectre de l’époque, celui des snuff movies que l’on s’échangeait alors sous le manteau.
Cette aversion pour l’érotisme ou les connotations sexuelles pourtant évidente dans ce genre de divertissement, montre bien toutes les contradictions et la complexité d’un pays dont l’ADN même repose sur la sauvagerie de son implantation. D’une manière plus terre à terre et brutale, on retrouve donc ce même rapport de domination et d’asservissement dans le registre du torture porn, où une victime ligoté se voit infliger les pires sévices corporelles par pur sadisme. Le sujet est intéressant, dans le sens où le fait de cultiver cette fascination en regardant beaucoup de films gore et déviant peut avoir l’effet d’un exutoire thérapeutique sur les uns mais aussi provoquer une accoutumance chez d’autres. Le spectateur moins sensible cherchera donc à aller encore plus loin dans le cinéma extrême afin de repousser ses propres limites et d’alimenter ce sentiment d’excitation simulés artificiellement par le caractère souvent illicite de ces oeuvres ainsi que par le réalisme de leur contenue. D’une certaine façon, Video Violence porte la responsabilité de la violence sociale sur le public en pointant du doigt la banalisation des horreurs auxquelles nous nous retrouvons quotidiennement confrontés devant nos écrans de télévisions bien que le film se veuille plutôt absurde et satirique. Nous passerons néanmoins sur le premier épisode qui souffre de longueurs inutiles, d’une enquête soporifique, et surtout d’une absence notable de séquence choc.
Selon l’adage du bigger and louder, ce second opus se veut donc plus transgressif et amoral que son prédécesseur en épousant le point de vue d’une communauté dégénéré qui produit des snuff movies ainsi qu’un talk-show orienté vers la tradition du théâtre grand guignol si cher à Hershell Gordon Lewis auquel le film fait clairement référence, même si le réalisateur confessera ne pas s’en être inspiré dans le cadre du premier. On le croit sur parole étant donné la lucidité dont il fait preuve quant il reconnaît très humblement la nullité de son film qui se voudrait drôle et amusant mais ne l’est en réalité que rarement. Le spectateur en quête de filles dénudés et de pantalonnade gore devrait néanmoins apprécier même si les situations dépeintes sont clairement surjoués et accentués par des grivoiseries et comportements de parfait salaud de Howard et Elie qui se livrent à un cabotinage beauf et bien gras accentués de faux rires sardonique. Néanmoins, ces excès finiront rapidement par lasser comme ces nombreux spots télévisés inspirés de Robocop sortie l’année précédente. Gary Cohen peine à innerver son film de la même radicalité subversive que Paul Verhoeven ou de l’humour noir d’un Stuart Gordon malgré quelques tentatives intéressantes, notamment lorsqu’il met en scène la répétitivité des slashers par le biais d’une vignette humoristique inspiré de Psychose, ou bien lorsqu’il pointe du doigt l’abrutissement des télé-achats qu’il pervertit avec des ustensiles de cuisine pour donner la mort, ou alors en faisant preuve lui aussi d’un mercantilisme à outrance avec cette peluche carnassière inspirées de Gremlins et de ses succédanés (Critters, Ghoulies). Mais on déplorera globalement le manque de créativité à l’oeuvre dans les exécutions si ce n’est quelques démembrements bien cheap ou cette tête explosé sous l’effet d’une chaise électrique. La fin fait même preuve d’une étonnante bêtise crasse proche d’un ultime sabordage en règle, du moins avant un ultime twist scénaristique de gros malin visant à préparer une suite hypothétique qui ne verra finalement jamais le jour. Disgusting is what we wanted…
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Créée
le 18 avr. 2024
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