Au travers de ses films d’horreur ou psychologiques, David Cronenberg a le don de choquer pour mieux dénoncer. « Videodrome » en est l’exemple parfait. Le patron d’une chaîne de télévision érotique cherche à programmer des vidéos qui vont toujours plus loin pour rameuter un audimat fidèle. Il capte par hasard un programme-pirate dénommé Videodrome qui met en scène des tortures. Plus de trente ans plus tard, nous avons ce recul de comprendre d’avance que ces scènes s’assimilent à des tortures politiques pour faire parler des ennemis du djihâd ou des Etats-Unis. Pourtant ici, le programme est assimilé à des sévices sexuels et des jeux sadomasos-pervers. Malgré sa volonté de diffuser ce genre d’images sur sa chaîne, le directeur va être pris d’hallucinations et générer vraisemblablement un déséquilibre malsain chez lui. Avec du recul encore, le film fait déjà écho aux nombreuses téléréalités qui manipulent le cerveau de ceux qui les regarde. Le film d’horreur est donc visionnaire sur l’étendue du pouvoir du petit écran sur les consommateurs. Le cinéaste va aller très loin pour décrire cette supercherie, qu’est l’emprise du média qui nous force au fantasme virtuel et nous déglingue notre vraie vie.