Cronenberg fait parti de ces cinéastes pour qui les mots me manquent.
Virevoltants dans les recoins de ma tête. Organique. Immoral. Rebutant.
Ces termes qualifient tout le début de carrière de cet auteur et artiste en quête d'un cinéma pur pour lequel je n'ai jamais su quelle affection je pouvais lui porter. Comme si son univers se connectait à quelque chose d'extrêmement enfoui. Quelque chose d'inconscient et donc d'inatteignable pour la raison. Videodrome n'y échappe pas et pourtant c'est probablement le Cronenberg qui me fait le plus raisonner. Etant cinéphile quasiment depuis le berceau cela n'a rien d'étonnant. On traite ici de la notion de réalité qui passe, selon le personnage du professeur O'Blivion, par la perception. Il n'y a rien d'étonnant à ce qu'un artiste, qui par essence artialise le monde dans lequel il vit, traite de cette question et encore moins un cinéaste dont le travail est de reproduire à sa manière cette même artialisation du monde (à travers la forme artistique la plus proche d'une imitation du monde : le cinéma). Plusieurs thèmes sont abordés dans Videodrome mais ce qu'il y a de véritablement poignant c'est cette volonté de rendre crédible et viscérale cette vision. Allant même jusqu'à faire dire au personnage du professeur que l'image est plus vraie que la réalité.
Comme toujours les corps se transforment, se déchirent, explosent. Comme s'ils emprisonnaient des esprits beaucoup trop larges pour eux, d'où peut-être la notion de détérioration explicitement nécessaire à la fin du film.
Comme un appel à la transcendance du spectateur.
Difficile de ne pas être happé par cette oeuvre culte où fascination morbide se heurte au rejet de l'esprit. Du génie.