Michel Blanc a longtemps alimenté sa filmographie de rôles à la Jean-Claude Dusse, qui plus est sous la direction de Patrice Leconte. Des mecs pas doués en amour voire en rien, pas bien dans leur peau et qui cumulent les casseroles. Mais le personnage de Viens chez moi, j'habite chez une copine va encore plus loin.
C'est un véritable tueur. Mais pas un tueur dans le genre "qui tue des gens". Non. Guy est un gars qui s'incruste chez les gens, râle quand ça ne va pas dans son sens et vous attire des emmerdes. Le genre avec la réplique qui fuse au bon endroit et en faisant un personnage génialement détestable. Rien ne va avec Guy. Il cherche du boulot mais à sa manière, ce qui donne un dialogue de sourds ahurissant entre deux tartines et un bain. Quand il trouve un boulot, il fout dans la merde son ami Bernard Giraudeau à base de vols et de coucherie. Quand il invite une femme chez Giraudeau et Thérèse Liotard, il dit que c'est son appartement et qu'ils sont ses collocataires. Il manque même de les embarquer dans une partouze avec Anémone.
Puis il y a les punchlines fracassantes écrites par Blanc qui fusent telles des tirs de mitraillettes :
Qu'est-ce qu'on mange ce soir ?
-J'ai pris du foie.
-Oula ! Je vais peut-être pas bouffer à la maison !"
"Vous avez pas la télé, c'est chiant pour le soir."
"Ouais j'ai des diplômes. Enfin faut que je remette la main dessus. Enfin, j'en ai... mais je suis français... Non je dis ça parce que de fois… Attendez ne quittez pas, faut que je surveille mon bain."
Ce qu'il y a d'incroyable avec Blanc est qu'il dit ses répliques avec un naturel sidérant. Le spectateur se demandera plusieurs fois si le personnage est sérieux ou totalement ingénu. Ce qui le rend d'autant plus hilarant. Face à la tornade Blanc, Giraudeau et Léotard sont évidemment moins convaincants, mais ils font de bonnes prestations tout de même. L'occasion de revoir également La Francine aka Christine Dejoux en amante passagère.
Viens chez moi, j'habite chez une copine est une comédie jouissive où Patrice Leconte s'amuse avec un personnage principal très bien croqué. La forme peut paraître simple, mais le reste emporte le tout.