Après un voyage à Rome cet été au cours duquel un après-midi reposant dans le parc de la Villa Borghese vint ponctuer à bon escient une journée piétonne bien garnie et chaudement ensoleillée, je tombe sur ce dvd qui promet dès le générique un petit plaisir en forme de bonbon déjà nostalgique.


"Dès le générique", disais-je, car on y note la présence d'un Mario Bava à la photo. A l'époque pas encore devenu réalisateur, Bava fait ses gammes. Même si cette production franco-italienne mesure ses ambitions, tant du point de vue écrit que formel et même si elle est ici en noir et blanc, hé bien, il faut avouer que la photographie n'est pas mauvaise. Les chef-opérateurs le répètent à l'envi : rien de pire que de filmer dans un sous-bois au soleil. Peut-être pourtant que les scènes nocturnes ne sont pas non plus aussi faciles à mettre en lumière ? Quoiqu'il en soit, Mario Bava parvient à créer une image somme toute agréable et uniforme tout le long du film.


En parlant d'uniformité, la structure en sketchs n'est pas effacée par le lien formel que tisse l'unité de lieu de ce grand jardin public romain. Il est évident que c'est le bât qui blesse le très grande majorité des films à sketchs. Néanmoins, ces diverses histoires sont bâties sur une tonalité assez similaire, excepté peut-être le tout dernier chapitre.


L'ensemble est plutôt doux-amère. La légèreté apparente des intrigues se révèle souvent trompeuse. Alors qu'on est proche de la bluette narrant les liens qui unissent des amours complexes, l'histoire verse parfois dans le cruel. Les histoires d'amour finissent mal en général. Concernant le dernier sketch, il n'est nullement question d'amour puisqu'il s'agit de prostituées qui œuvrent de nuit. De tout temps, semble-t-il, on confond amour et sexualité.


Que la fin soit heureuse ou non, les relations amoureuses décrites sont particulièrement difficiles à vivre. Le parc de la villa Borghese semble comme un lieu d'éternelles disgrâces, de sempiternelles incompréhensions, de malentendus qui font mal. Et finalement, ces élans naturels se partagent, universels et dérisoires à la fois.


La distribution est très bonne. Hétéroclite, intéressante mais difficile de dire si elle réussit à convaincre que le film est un réellement un bon film. Je serais plutôt d'avis mitigé. Les histoires d'amour présentées n'ont rien de bien original. Suivre ce fil commun n'est pas désagréable, mais ne déclenche pas non plus une envolée enthousiaste.


J'ai davantage été captivé par les lieux, les décors ou les acteurs (Micheline Presle, Vittorio de Sica, Gérard Philipe et Margherita Autuori). Je butte sur le reste. Décidément, les films à sketchs ont peine à m'émouvoir.


http://alligatographe.blogspot.fr/2015/09/villa-borghese-franciolini-sica.html

Alligator
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le 25 sept. 2015

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