Van Gogh était économiquement daltonien : il savait que l’argent existât, mais il n’en voyait jamais la couleur…Alors heureusement, il y avait son frère...

"Eternité ? Eternité ? Est-ce que j'ai une gueule d'éternité" eut pu s'écrier Arletty !

Quelle différence d'ailleurs entre le temps et l'éternité ? Si j'en avait le temps, il faudrait une éternité pour que je te l'explique tant ce film dont le titre l'évoque est lamentable !

Ce documentaire raté aurait pu s'appeler "La Samaritaine" car jadis, on trouvait de tout dans ce magasin parisien ... Un peu comme dans ce melting-pot d'images vite, trop vite emballé, déballé...

où on trouve de tout, de tout avec un peu de Van Gogh...

J'avais pourtant été alléché par les articles dithyrambiques de certain journal de télé dont on trouve quand même un peu les programmes en cherchant bien... La déception n'en aura été que plus cruelle ! Révoltante...

Il est vrai que la suissesse Anne Richard, 55 balais en 2023, n'a aucune expérience ès réalisation ! Magnéto : oui, oui, c'est bien de l'actrice dans un autre siècle pour le grand écran qu'il s'agit... Avant qu'il n'en veuille plus, et qu'elle ne doive cachetonner avec des séries consternantes du service public : genre Magellan, Meurtres à...., Camping Paradis (...) aussi attractives que l'Eurovision commentée par Stéphane Bern...

Féministe, elle entreprend ici de nous conter l'histoire, à la manière gloubi-boulga, de Johanna, belle sœur de Vincent Van Gogh... Son mari étant décédé de la syphilis en 1891 six mois après le suicide du peintre, elle deviendra l'héritière de presque un millier de toiles et dessins, un énorme sac de courriers que les frères se sont échangés, un bébé sur les bras,et la mission de faire connaître tout ça au vulgum pecus, alors que ça risquait fort de tomber dans les mains de spéculateurs douteux, voire de galeristes peu scrupuleux...

Heureusement, les SMS n'existaient pas à l'époque car nous eussions été privés de tout ce courrier somme toute confidentiel et intime...

Johanna a heureusement écrit son parcours du combattant (et non combattante, le sens neutre existant toujours en français) dans son journal intime, légué par les descendants au musée Van Gogh d'Amsterdam, que Richard a pu consulter et accessible en ligne.

Mais au-lieu de nous épargner le puzzle, Richard nous en livre les pièces en vrac : c'est ainsi qu'apparaissent sous vos yeux de tout et rien. Avec pêle-mêle : des photos déjà vues, des vidéos d'époque, des trains, plein de choses et à tour de bras, des piles et des piles de lettres dont les récitants ne nous feront pas grâce.

Et l'art là-dedans ? D'une manière aléatoire des vues des toiles de l'artiste plus ou moins bien cadrées, voire horriblement polluées ! Richard doit ignorer l'existence de Google Earth qui nous permet de promener sur les rives de l'Oise depuis son écran de PC et dont elle aurait pu faire l'économie !

Mais il y a bien pire : vous vous souvenez qu'en un temps, les réalisateurs ou photographes nous enfumaient avec la mode du "fish-eye" : des photos ou images réalisées avec un objectif optique vous faisant découvrir le monde vu de l’œil d'un poisson ! Dieu merci, ce gadget a été renvoyé au

rang des souvenirs tout comme les photos sur verre, mais on pouvait craindre que la militante MLF ne nous inonde de vues de drones ? Cette nouvelle tendance mettant au chômage les pilotes d'hélicos est née pour palier le manque d'inventivité de certains réalisateurs...

Ouf, il n'en est rien. Mais le pire vous attend quand même : inonder les prises de vues en les noyant de montages d'animations genre BD, le faux surchargeant le vrai...

Comme cette main baladeuse qui cache les toiles en glissant dessus, ces ombres de badauds qui défilent le long des oeuvres du peintre, les masquant et les démasquant...

Infect ce n'est plus un documentaire, une visite guidée : ça devient du cirque... Mais pas du cirque comme celui de Jean Richard, mais celui d'Anne !

Cette méthode de remplissage qui apparaît dans beaucoup trop de documentaires notamment historiques pour faire revivre les morts et se faciliter le boulot de recherche, est à proprement parler scandaleuse, voire une atteinte à la création des artistes. En détournant leur création au profit d'autres, moins reluisantes.

On est ici à deux doigts d'appeler un guide au secours pour démêler cette pelote de laine avec laquelle le chat à joué !

Le comble du mauvais goût est à Auvers sur Oise où les tombes des deux frères, bien modestes, sont montrées côte à côte, dans un environnement peu glorieux, et, où miraculeux trait de génie richardesque, la main de l'homme dont on ne voit pas les pieds dépose des tournesols sur les tombes !

Pub pour la margarine ou l'huile du même nom ? Stupide et incongru : on eut mieux fait de faire un peu de nettoyage autour des stèles semblant bien peu entretenues.

Le pire, je le garde encore pour la fin : Léonie Simaga et Johanna Korthals apparaissent au générique de fin créditées comme récitantes des commentaires de ce navet... je ne sais s'ils ont été traduits et déclamées par d'aures en français, mais toujours est-il qu'en écoutant ces voix d'outre-tombe, on croirait assister à un enterrement !

Quelle diction stérilisée, monocorde, lugubre, soporifique à l'exception du commentateur masculin qui s'applique à contrario à être naturel et compréhensible... On sait bien que Vincent n'était pas du genre à danser le french-cancan sur les tables d'un bistrot, mais de là à nous faire un documentaire aussi macabre...

Quand on voit le générique qui lui effectivement dure une éternité, on se dit : tout ce monde pour réaliser une telle daube ! J'en ai appris bien plus sur Van Gogh lors de ma visite commentée (sur écouteurs) au musée amstellodamois où trônaient trois interprétations des tournesols, lors de l'exposition commune avec Gauguin, en lisant les correspondances du peintre avec son frère sur le roman qui en regroupe les meilleures, et lors d'autres documentaires qu'avec ce marché aux puces détestable... Van Gogh a dû se retourner dans sa tombe ! Pourvu que comme Johanna, Richard n'ait pas écrit un journal intime !

Vincent, j'ai fait ce que j'ai pu pour défendre ta mémoire !

Arte le 15.10.2023-



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le 17 oct. 2023

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