Il y a quelque temps, j'ai fait une liste clamant haut et fort que je n'aime pas le cinéma italien, sauf exceptions. Et bien, Marco Bellocchio est une exception de taille ! Je peux même affirmer que c'est le seul cinéaste italien contemporain que j'apprécie (il faut préciser que je n'en connaît pas beaucoup). Et après Le Sourire de ma mère et Buongiorno Notte, ce Vincere m'a parfaitement convaincu qu'il est un des grands réalisateurs européens actuels.
Vincere, c'est l'historie d'Ida Dalser. Cette jeune femme rencontre, en 1907, un ambitieux militant socialiste nommé Benito Mussolini. Elle aura une liaison avec lui et sera même madame Mussolini jusqu'à ce que celui qui deviendra le Duce efface complètement son existence.
Vincere nous montre donc le combat d'Ida pour faire reconnaître son mariage et l'existence de son fils, Benito Albino. Sans pathos et avec un lyrisme qui ménage de splendides moments de poésie, Bellocchio nous fait vivre le destin de cette femme qui deviendra un symbole.
Car, comme dans Buongiorno Notte, l'histoire particulière de cette femme va se mêler à l'histoire générale de l'Italie des années 10 aux années 30. Mussolini qui se cherche un destin, la Grande Guerre et l'installation du fascisme cohabitent avec l'internement forcé d'Ida et sa séparation d'avec son enfant. Et comme dans Buongiorno Notte, Bellocchio va mélanger images fictives tournées par ses soins et images d'archives (et même des extraits d'Octobre, d'Eisenstein, pour montrer la Révolution Russe). C'est là un des aspects les plus fascinants de son film : faire revivre une époque, montrer le destin d'un pays et le mettre en parallèle avec celui d'une femme.
Car l'histoire d'Ida dépasse de très loin son seul cadre personnel : Bellocchio en fait un symbole du peuple italien tout entier, aveuglé par le flamboiement de Mussolini et qui se réveille trop tard, alors qu'il est emprisonné et qu'on lui a pris ce qu'il avait de plus cher, ses enfants et sa liberté. Et encore, même au fin fond du gouffre, Ida garde son admiration pour le Duce ; elle dit être convaincue que tout cela n'est qu'un test, une façon qu'a Mussolini de la mettre à l'épreuve pour voir ce qu'elle vaut. On frôle le syndrome de Stockholm...
Esthétiquement ce film est une splendeur. Chaque plan est d'une beauté d'autant plus rare qu'elle reste discrète, qu'elle n'est jamais sur-montrée (Bellocchio n'est pas du genre : "regardez-moi comme je filme bien", mais ses films sont parfaitement maîtrisés).
Sur le plan technique, ce qui m'a le plus ébahi, c'est le lyrisme qui se dégage du film. Certaines scènes allient la beauté des images avec une utilisation de la musique classique qui en font de grands moments de poésie.
Enfin, il est impossible de parler de ce film sans mentionner l'impressionnante performance des acteurs principaux, qui sont tout simplement exceptionnels.
En bref, tout ce qu'il faut pour faire un grand film.
SanFelice
9
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le 22 oct. 2013

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SanFelice

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