Samuel Fuller livre ici un film court sur le monde de la presse dans les années 1880, et le lancement d'un journal, The Globe, qui fait ses débuts en lançant une souscription pour que les Américains financent le socle de la future statue de la Liberté.
Le film est tiré des propres souvenirs de Fuller, qui était paperboy à Park Row : il vendait les journaux à la sauvette, après quoi il décida lui-même de devenir journaliste.
Il y a une romance assez improbable entre le brillant journaliste viré du "Star", un journal-poubelle à succès, et la directrice dudit "Star". D'autres personnages truculents servent de comic-relief, comme ce typographiste qui ne sait pas lire mais place les types plus vite que n'importe qui, cet ingénieur allemand idéaliste qui crée les premiers linéotypes, ou encore ce vieux journaliste talentueux qui attend la mort.
Le film de Fuller se veut une ode à la presse, ode emphatique et parfois assez appuyée (la présence constante des statues de Franklin et [un autre journaliste américain dont j'ai oublié le nom] à la liberté d'expression, au combat pour la démocratie. Fuller ne cache pas certaines ambiguïtés.
Le jeu des acteurs est bon, mais comme souvent chez Fuller, je suis un peu déçu que le contenu prime tant sur la forme. Ici pas de recherche formelle, tout est aussi limpide que dans un essai. Cela nuit un peu à la profondeur des personnages.
Un film original, doté d'une assez grande liberté de ton, qui ne s'élève pas jusqu'au génie mais mérite la sympathie.