Après Grand-Prix et avant Le Mans, cette histoire est très classique et la formule éprouvée. Dans l'esprit des studios c'est : On prend un acteur à la mode et viril, Paul Newman, en chevalier des temps modernes (sa belle gueule pour ses dames, sa virilité pour ses messieurs) qui fait des courses de voiture (pour ces messieurs) sous l’œil réprobateur de sa nana (les sentiments pour les dames).
L'intrigue, sans être totalement inexistante, n'est donc pas très poussée, mais pour être franc, il y a quelques bonnes idées (Un ado voit débarquer un homme dans la vie de sa mère et il s'entend bien avec lui, rien que le fait que le film ne tombe pas dans le "t'es pas mon père" est à saluer) et quelques bonnes répliques. Mais bien sûr on regarde ce film surtout pour les courses, le reste c'est du remplissage. On peut se demander quelle est la catégorie de prédilection de Frank, puisqu’il n’arrête pas de changer de type de voiture et de numéro, mais quoi qu'il en soit les courses se succèdent, elles sont certes très belles… mais elles sont courtes, excepté la longue course finale, la plus longue des autres doit durer 45 secondes.
Jusqu'au joyau : Les 500 miles d'Indianapolis. Et là, on peut voir la foule qui se presse sur le circuit, entendre le formidable bruit des moteurs se mettant en marche, gouter un peu à l’ambiance (je retrouve un peu l’intro du film Le Mans, en plus court) et finalement entendre les mots magiques « Gentlemen start your engines ». A ce moment là, tatillon, je me suis dit que, si on excepte les trucs pittoresques mais inutiles genre des majorettes maladroites, j’aurais voulu voir plus encore d’avant-course. Jusqu’à ce que la course commence et là, c’est formidable.
Évidemment, les images viennent de plusieurs véritables courses de l’Indy 500, mais quelle importance ? C’est véritablement passionnant. Du bruit, de la fureur, des taules froissées… certains angles de caméra sont, pour l’époque, véritablement splendides. C’est donc bien sûr l’occasion d’admirer des vrais pilotes en action, certains sont d’ailleurs nommés. Pour ce qui est acteurs, il n’y a que très brièvement vers la fin de la course des plans visiblement artificiels, où le décor était projeté derrière eux. La majorité du temps, ça ne se voit pas, sans doute car on a souvent des plans très serrés.
Je ne vous révélerai rien du déroulement de la course, j'en reste très satisfait. Sachez seulement qu’elle dure près de 20 minutes, assez pour qu'on ne reste pas sur sa faim, mais sans qu'on se dise non plus « Bon, allez abrégez ». La fin du film est assez rapide sans qu’on soit frustré de ne pas savoir ce qu’il se passera, et simple sans pour autant paraître naïve.
En résumé, le pur amateur de sports mécaniques y trouvera son compte, tout comme celui qui, pour une fois, espèrera qu’on ne bouchera pas les trous avec une histoire trop bidon. Loin du chef d’œuvre, ce film remplit honnêtement son boulot. C’est triste de voir qu’avec des moyens plus modernes, beaucoup de films plus récents ont échoué à restituer l'ambiance des courses automobiles.