Le trait de cette leçon de boxe en dilettante est un peu trop forcé mais porte la fraîcheur de l’envie d’un premier film. Pour sa première droite dans l’univers du long métrage, Mabrouk el Mechri sort l’artillerie lourde en matière de mise en scène, quitte à se prendre parfois les pieds dans les cordes. On retiendra notamment ses saisissants panoramiques à 360° qui font leur petit effet et témoignent de toute la force de proposition du jeune réalisateur.

Si son ambition esthétique est à saluer, on peut par contre lui reprocher d’être si soucieux de la ganache de ses images qu’il en oublie d’étoffer un peu plus son histoire, qu’il se laisse également un peu trop aller à la caricature facile de ses personnages pour combler le relatif manque d’ambition de son script. Virgil n’est pas vide de sens, loin de là, il se laisse simplement un peu trop porter par les fortes têtes qui lui donnent de la voix.

Jean-Pierre Cassel, par exemple, dont les cordes vocales sont montées sur ressorts, suffit, par sa seule éloquence, à faire de Virgil un moment très agréable. Armé de punchline à l’argot très fleuri, il est un vrai rayon de soleil dans cette fausse comédie dont le cœur est au contraire tourné vers le drame intimiste. Dans Virgil, la boxe est utilisée comme une métaphore à la difficulté de nouer une relation, l’originalité du film étant d’exploiter à rebrousse poil un sous genre à part entière. Ici, il n’est aucunement question d’une success story à la Rocky, ce serait même l’inverse, et à part quelques marrons distribués furtivement, il n’y a pas de quoi rassasier les affamés d’uppercut en matière de combat.

Malgré sa belle volonté de jouer avec les codes d’un genre peu fourni pour construire un propos touchant, Virgil porte la griffe d’un film dont la forte ambition n’a pu être pleinement assouvie. La caméra se veut précise et exigeante, mais les ambiances qu’elle filme pâtissent d’un manque de moyens évident et l’histoire qui lie la belle imagerie est un peu diluée par des choix d’écriture cavaliers. On retiendra néanmoins une BO aux petits oignons, des acteurs qui s’amusent et quelques dialogues gratinés, qui en plus de générer un moment de divertissement très agréable, laissaient présager du futur prometteur d’un cinéaste ayant des choses à proposer. Il créera d’ailleurs la surprise 3 ans plus tard avec l’inattendu JCVD, avant d’aller faire le Yes-man aux États-Unis, pour y tourner un thriller peu glorieux. Lequel, espérons-le, lui permettra peut être de réaliser des projets plus personnels par la suite.

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oso
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le 23 sept. 2014

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