Magistralement et magnifiquement culte!
Bien avant de se lancer dans le biopic historique douteux, Sofia avait réalisé le magnifique "The Virgin Suicides".
Lent et très pesant émotionnellement, le film traite du problème de l'adolescence, de ce passage de l'enfance à l'âge adulte, prenant cas d'une famille puritaine et surprotectrice en décalage avec l'émancipation des mœurs de la société américaine des 70s.
Cinq sœurs font l'objet de la curiosité et de l'amour naïf, platonique et secret d'un groupe de jeunes copains, qui rêvent du mystère qu'elles représentent, recluses la plupart du temps chez elles à cause d'une mère (Kathleen Turner) dont les valeurs religieuses la sortent de toute réalité humaine, et ce malgré la présence d'un père (James Woods) plus ouvert. L'une des sœurs, désespérée d'attendre une issue à cette oppression maternelle, se suicide. Là commence alors pour les quatre autres, et en particulier pour Lux (Kirsten Dunst, formidablement touchante dans ce rôle), un mélange d'euphorie pour mordre la vie à pleines dents et d'une profonde détresse.
Peu à peu, piégée par leur mère, les jeunes filles, adulées pour leur beauté, se fanent et dépérissent. La construction de la narration se fait chronologiquement, étape après étape, émotion après émotion, allant à l'essentiel malgré la lenteur, encore une fois pesante, mais justement pesante, qui fait pleinement prendre conscience au spectateur du malaise, du mal-être et de la souffrance de ces jeunes filles, comme de ces garçons assistant, impuissants, à la chute irréversible de celles-ci vers la mort.
Déroutant par une mise en scène très psychologique, "The Virgin Suicides" dompte le risque d'ennui du spectateur et s'affirme comme culte!!