Virgin Suicides, réalisé par Sofia Coppola, propose une plongée onirique et mélancolique dans le quotidien de cinq adolescentes et de leur destin dramatique.


Avec ce premier long-métrage, Sofia Coppola démontre une maîtrise étonnante du ton et de l’esthétique. Le film traite d’un sujet sombre et grave — le suicide adolescent — avec une légèreté désarmante, presque irréelle, qui évoque parfois l’univers décalé de Wes Anderson. Ce contraste crée une tension fascinante, tout en rendant l’histoire profondément marquante. Les sœurs Lisbon, portées notamment par Kirsten Dunst et une distribution de jeunes actrices, captivent par leur beauté énigmatique et leur nature insaisissable. Leur charme hypnotique enveloppe le spectateur dans un voile de mystère et de mélancolie.


L’utilisation de la narration par les jeunes voisins, témoins impuissants des drames familiaux, renforce cette aura de mystère. En filtrant les événements à travers leur regard, Coppola évite toute sur-explication et préserve l’insaisissable fascination exercée par les Lisbon, tout en exposant leur propre fascination adolescente pour ces filles. Ce choix narratif ajoute une dimension universelle au récit, en écho à nos propres questionnements sur les zones d’ombre de l’adolescence.Le traitement des parents, eux-mêmes impuissants face à la situation, apporte une touche de réalisme brut. La solution simpliste et tragique de l’enfermement, décidée par Mme Lisbon (Kathleen Turner) et son mari (James Woods), illustre à quel point la peur et l’incompréhension peuvent aggraver les choses, un choix qui reflète une certaine vérité universelle. La colorimétrie, avec ses choix de filtres parfois déroutants, bien qu’artistiquement assumée, peut ponctuellement éloigner le spectateur de l’émotion brute du récit.


Virgin Suicides est un conte troublant, visuellement captivant, où l’éclat de la jeunesse contraste avec l’ombre du tragique, dans une narration aussi esthétique que déchirante. Si certains choix artistiques peuvent diviser, le film reste une œuvre d’une sensibilité unique, qui laisse une empreinte durable.

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le 1 déc. 2024

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lklgf

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