Qui ne se rappelle pas de son dépucelage ? En dehors évidemment de celles et ceux encore trop jeunes pour l'entrevoir, des plus âgés pour X raisons, voire de quelques malades d'Alzheimer et autres surcharges alcoolo-psychotropiques ?
En tout cas moi je me rappellerai longtemps de celui de Sofia Coppola à la réalisation d'un long-métrage, adaptant par la même occasion celui de Jeffrey Eugenides à l'écriture d'un roman, The Virgin Suicides (tout un programme), sorti 6 ans plus tôt en librairie et narrant le mal-être de jouvencelles -et jouvenceaux- en proie à leur puberté futurement ou non consommée ; à ce passage où certains anges y perdent parfois leurs plumes.
Pas facile non plus pour la fille à son papa, réalisateur de la mythique trilogie mafieuse que l'on sait, de se faire un nom dans le métier. Mais premier essai, premier coup de maître ! Celle-ci nous offrant le plus beau film sur l'adolescence qu'il m'ait été donné de voir à ce jour.
La sensibilité, la mélancolie, le mystère, l'évanescence : une liste non-exhaustive qui pourrait qualifier cette fable à l'atmosphère pesante et surréaliste. Et j'ai cette fois encore eu l'impression, pendant 1h30, de m'envoler et virevolter au moelleux de ses nuages, aux côtés de ses cinq anges blonds égarés au fin fond de l'Amérique bourgeoise et empreinte de puritanisme - à moins qu'il ne s'agisse déjà de fantômes en quête de résurrection...
Quelques touches d'humour, une kyrielle de belles lumières, l'élégie de notes sublimes jouées par nos frenchies de Air, la fantasmagorique Kirsten Dunst, une boom à vous troubler de nostalgie, et enfin ce générique qui personnellement me scotche encore après pas moins d'une dizaine de visionnages, des questions plein la tête, Virgin Suicides n'en finira jamais de me la faire tourner, cette petite tête...
"Vous ne savez pas ce que c'est que d'être une fille de 13 ans" confiera la benjamine à son psy.
Moi non plus je ne le sais pas et c'est bien là tout l'enjeu de l'histoire. Ces jeunes filles insaisissables tenteront pourtant, tant bien que mal, d'échapper à l'égoïsme d'une mère et à l'impuissance d'un père les empêchant, par "amour" mais surtout par déni, d'évoluer librement, de profiter d'une jeunesse si éphémère pourtant.
Penser, rêver, les filles n'ont plus grand-chose d'autre à faire dans leur cage plus ou moins dorée.
Ne leur reste plus qu'à tout savoir des garçons. Même si comme eux elles n'ont rien à leur dire.
Sans les pratiquer vraiment.
Une chatte sur un toit brûlant.
L'arbre est déjà mort lui aussi.
Mais tentons de le préserver.
Jusqu'à la vérité.
Plaisir éprouvé.
Désir évanoui.
Sa magie aussi.
Sa déception.
La larme à l'oeil.
Chacune à sa façon.
Et c'est fini.
:'(