voyage au bout de l'enfer dickien (wei)
Visa to Hell c’est un grand n’importe quoi délirant qui représente la quintessence du film d’exploitation dans toute sa splendeur. Dans un décor de post-nuke italien cheapos, Dick Wei accouche d’une bisserie, véritable pot-pourri de genres. Tout s’entrechoquent : action, policier, drame, fantastique, horreur et j’en passe. Un ensemble se fourvoyant aussi bien dans l’heroic bloodshed, le wu xia pian ou bien encore le film de ninja en passant par la ghost kung fu comedy. Mais l’Enfer, c’est aussi des vampires, des morts-vivants et des démons qui prennent un verre (ou presque) dans un boui-boui rythmé par la musique de la Lambada. C’est tout simplement out-of-this-world ! Normal, me direz-vous. Nous sommes en Enfer, ou au sens chrétien ce serait plus le Purgatoire. Les âmes semblent y attendre un « après » : le Paradis ? La réincarnation ? Difficile à dire car les conditions de visionnage étaient celles-ci (c’est encore drélium qui en parle le mieux, http://www.senscritique.com/film/Visa_to_Hell/critique/11158887) :
« sans sous-titre […] une résolution de 350×180 pixels toute pourrie, un double canal audio cantonais / mandarin forcé de rester en stéréo, sinon on a même pas droit à toute la bande originale et sonore. Du coup on entend le cantonais avec un fond de mandarin, c’est la joie, sonneries de téléphones de l’au-delà et sirènes à fond de chorus, ambiance psychopathe garantie… »
Visa to Hell est un fourre-tout foutraque, un film généreux en somme mais non maîtrisé. Dick Wei veut tellement donner dans la surenchère, indépendante de toute contrainte (sauf mercantile) qu’il se perd dans un film brouillon trop ancré dans le premier degré. On sent le jeune réalisateur qui ne veut pas louper le coche de sa première fois et qui la noie de son trop plein d’envie (comme si c’était la dernière). On y retrouve (sans doute) tous ce qu’il voulait voir, mais on y retrouve également (et surtout) tout ce qui fait l’essence même du film d’exploitation : plus ou moins taper dans ce qui marche et surfer ainsi sur la tendance. Du coup, sa tambouille ne prend pas, même si l’on ressent les saveurs épicées. Agréables sensations que de découvrir ces flics arborant des blousons de motards, véritable gang se mettant en chasse ou de voir leur cible (Dick Wei) s’adonner aux joies des combats illégaux en chemise cravate après ses petites virées en Porsche. Et puis il y a l’au-delà, Lam Wai souhaitant se venger et dynamiter ainsi la voie vers l’Enfer pour le plus grand bonheur des cinéphiles déviants, se délectant de ce type de sucrerie. Au final, on ne saura pas qui est le plus psychopathe : le personnage de Dick Wei assassinant de sang-froid des enfants, celui de Lam Wai débarquant en Enfer pour tuer de ses propres mains l’assassin de sa famille qui s’est suicidé, ou tout simplement Dick Wei le réalisateur !
(voir peloche et + : https://hongkongmovievideoclub.wordpress.com/2014/01/27/visa-to-hell-1992-dick-wei-avis-review/)