In Memoriam Humanité
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Onze années séparent le kaléidoscopique Naqoyqatsi du quatrième film de Godfrey Reggio, poème achrome portant le nom énigmatique de Visitors : succèdent alors aux avalanches d'effets numériques et de couleurs saturées du troisième volet de la trilogie Qatsi de somptueux plans Noir et Blanc, visuellement hypnotiques, comme en dehors du Temps. La musique de Philip Glass, quant à elle, s'est fortement assagie, loin des fébrilités de Koyaanis, des rayonnements de Powaq et des explosions de Naqoy ; non moins sublime que ces trois précédentes compositions la bande originale de Visitors résonne telle une oraison, un chant élégiaque et lancinant à la structure homogène et particulièrement aboutie. Encore une fois la musique de Glass existe indépendamment du métrage tout en participant fortement à sa charge immersive, laissant le spectateur complètement abasourdi à l'écoute et devant tant de virtuosité.
Le film que représente Visitors s'avère radicalement différent des trois premiers films de Reggio, délibérément lent, statique et fort peu découpé dans sa structure narrative. Si l'on souhaitait trouver une similitude dans le cinéma contemporain on pourrait éventuellement chercher du côté du Chronos de Ron Fricke, film avec lequel Visitors partage une certain inertie visuelle doublée d'une méditation sur les vestiges de notre civilisation : plans massifs, marbrés presque, sur des visages semblant nous apostropher du regard ; un film qui affirme sa singularité dans les tutoiements muets qu'il adresse aux spectateurs, film témoignant qui plus est d'une unité sidérante de beauté et de simplicité.
Un véritable chef d'oeuvre contemplatif, reposant et fascinant dont le sens est à re-découvrir à chaque visionnage. Nous pourrons tout simplement nous perdre dans ces images d'une insolente clarté, bercés par la sublime composition de Glass ou tenter d'y voir un message, bien que Godfrey Reggio semble décidément s'adresser davantage au particulier qu'au général. A voir absolument !
Créée
le 20 sept. 2015
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