Film de science-fiction yougoslave Gosti iz galaksije nous conte l'histoire de Robert, écrivain - et non pas astronaute comme la scène introductive nous le laisse intelligemment imaginer - voyant du jour au lendemain ses fantasmes science-fictionnels prendre vie à deux pas de chez lui.

Le scénario est clairement celui d'une oeuvre voulant s'attaquer aux thématiques de SF sans en avoir le budget et cela se ressent très vite, le réalisme n'est clairement pas au rendez-vous, mais après tout le cinéma d'Europe de l'Est a bien souvent le pouvoir de faire fi des contingences réalistes pour créer des oeuvres à l'originalité rafraichissante et à l'humour léger, des films comme Adèle n'a pas encore diné, le Baron de Crac ou Faust l'ayant déjà prouvé.

Il y a donc de quoi se laisser tenter, alors que notre cher Robert est pourchassé par un enfant maléfique - mais ne le sont ils pas tous ? - qui, refusant d'appliquer la règle du mieux "vaut ne pas être connu qu'être connu pour les mauvaises raisons", lui en veut de l'avoir retiré de son histoire somme toute claquée au sol, les doutes qui avaient commencé à germer concernant la qualité du film prennent pourtant de l'ampleur. Les acteurs sont assez mauvais, la caméra ne fait rien d'exceptionnel, ça commence à ne clairement pas sentir bon.

Contre toute attente, le scénario semble tout à coup venir au secours du désastre annoncé avec cet aspect intéressant : les extraterrestres issus de la création de Robert deviennent possessif et agressifs envers son entourage. C'est original et à partir de là le film oscillera entre scènes sincèrement ridicules (réprimande de l'enfant qui a coupé un doigt, scène de séduction entre Robert et sa créature) et quelques bonnes idées (aveugle jouant de l'accordéon lors d'un massacre), nous offrant une métaphore de l'artiste obsédé, dépassé puis rendu fou par sa création, qu'hélas on a déjà trop vue pour la trouver transcendante sur ce format.

Aspect positif du film, les costumes sont relativement stylés, la famille venue de d'Arkana en très kitsch mélange entre une version low-cost du robot de Métropolis et des sales gosses issus du Village des Damnés mais c'est surtout le monstre qui m'a impressionné, sorte d'éléphant/insecte maléfique qu'on dirait issu d'un cauchemar de Max Ernst ou d'une exposition d'art brut et qui n'aurait pas fait tâche dans le Festin Nu. Il est hélas trop peu utilisé au long du film avant de l'être à outrance dans un final plutôt poussif

qui s'il s'avère quelques instants jouissifs dans son massacre complètement inattendu, tourne assez vite en rond et a l'outrecuidance de se finaliser par l'astuce toujours très nulle du "retour dans le passé grâce aux pouvoirs magiques" pour corriger le drame.

Je vais pas mentir, j'ai terminé Gosti iz galaksije en étant plutôt déçu, le film n'étant pas capable de tenir le peu de promesses qu'il s'est permis de nous faire, ce qui est dommage car par moments il réussi à être une comédie agréable distribuant, hélas, avec trop de parcimonie quelques belles idées visuelles et comiques.

arthurdegz
5
Écrit par

Créée

le 7 févr. 2024

Critique lue 18 fois

arthurdegz

Écrit par

Critique lue 18 fois

Du même critique

L'Arnaqueur de Tinder
arthurdegz
2

L'arnaqueur c'est Netflix

Février 2022, c'est le documentaire choc du moment sur Netflix, l'Arnaqueur de Tinder ou comment un goujat peu scrupuleux s'est payé sa meilleure vie d'influenceur grâce à l'argent de femmes que l'on...

le 23 févr. 2022

17 j'aime

L'Acteur
arthurdegz
8

L'incompris

La première scène est à l'image de son début de carrière, il suffit qu'il arrive, quand bien même ce soit pour se faire un café, pour que ce soit drôle, pour qu'il dévore l'écran et accapare toute...

le 5 janv. 2024

11 j'aime

3

Strawberry Mansion
arthurdegz
9

Dystopie onirique

En voyant un jeune inspecteur des impôts se rendre chez une vielle dame new-age pour auditer ses rêves sur K7 vidéo, on comprend assez facilement que le film ne se déroule pas dans notre monde, mais...

le 15 sept. 2022

4 j'aime