Merveilleux film intemporel sur l'individu seul face à la puissance funeste de l'administration, la lâcheté humaine et la force de la volonté.
Takashi Shimura joue de manière magnifique le personnage de Watanabe qui, suite à la découverte d'un cancer incurable, passe d'un homme "mort depuis 25 ans" à cause de la répétitivité inepte de son travail dans l'administration à un homme qui va faire bouger les choses à son niveau, permettant à au moins un peu de personnes de retrouver un peu de bonheur. L'homme qui revit grâce à la maladie est un idée très belle et émouvante.
Belle satire de l'administration (la séquence du début, sorte de boucle temporelle où l'individu moyen est renvoyé d'un bureau à un autre indéfiniment jusqu'à revenir à son point de départ, drôle et efficace, donnant le ton dès le départ), constat d'une humanité moisie (les hommes lors de la villée funéraire cherchant à faire retomber sur eux les bienfaits du projet mené à bien, montrant chacun l'indispnsabilité de son travail, puis quand le rôle premier est révélé être Watanabe, chacun surrenchérissant dans l'éloge de celui-ci histoire de se faire bien voir), ou encore dénonciation des préjugés (le fils ignorant de l'état de santé du père ne cherche pas à connaitre les motivations de son changement soudain de comportement et préfère imaginer directement le pire), cette oeuvre touche là où ça fait mal.
L'écriture est vraiment originale et particulière, notamment par l'utilsation de la veillée funéraire comme moyen de montrer par d'intéressants flashs-backs, mémoire et point de vue des différents personnages, l'avancée de la mise en oeuvre du projet par Watanabe, ainsi que de son état de santé, mais aussi la manière qu'auront chacun de raconter à sa manière.
Le film se termine sur une note douce amère, montrant que la volonté peut créer quelques belles choses, mais cela reste à une petite échelle. Les hommes se targant de bientôt changer les choses, à l'image et au nom de leur ancien collègue, se retrouvent bien vite écrasés à nouveau sous le poids de la paperasse (le plan du personnage disparaissant derrière les piles de dossiers en se rasseyant est d'ailleurs excellent).