J'ironise souvent sur l'hégémonie américaine et sur une forme d'outrecuidance nationale, mais je n'ai rien contre l'individu américain, au contraire. Lorsqu'ils sont victimes d'actes terroristes je suis totalement solidaire avec eux.
Nous avons vu beaucoup de documentaires, souvent très bien faits, sur les attentats du 11 Septembre. Nous avons également la retranscription des appels des passagers à leurs proches. Nous avons aussi les rapports d'activité des différentes administrations sur la gestion de cette crise. Mais là, nous savons que ces rapports ne sont pas sincères, du moins en ce qui concerne le vol 93 d'United Airlines.
En réalité on s'est aperçu que ces administrations n'ont réellement pris conscience du détournement de cet appareil que dans les secondes précédent ou suivant le crash.
Paul Greengrass choisit la version officielle des administrations contrairement aux choix qu'il fera plus tard, notamment avec Green zone. Néanmoins, il montre l'ambiance d'incompréhension, de panique et de désorganisation face à l'imprévu, face à une agression de fanatiques qui n'ont pour objectif que de tuer le plus de monde possible de la façon la plus spectaculaire.
Une telle barbarie gratuite n'avait jamais été imaginée.
Entre tous les évènements connus, avérés ou non, il reste peu de place au scénariste mais c'est suffisant pour imaginer les scènes qui comptent, le détournement de l'appareil, la compréhension progressive de la situation par les passagers et enfin leur réaction héroïque.
Car ce sont des héros.
Bien sur, on pourrait objecter qu'ils n'avaient pas le choix: de toutes façons, ils étaient perdus. Mais ils ont su comprendre et admettre cette situation et surtout, ils ont eu la force de caractère pour réagir. Cela peut paraître évident depuis notre siège, mais combien à leur place seraient restés figés, indécis ou paralysés par la peur. Que faut-il pour que des individus ordinaires se transforment en héros. Quel étincelle déclenche la réaction? Quel noyau entraine le groupe?
Voici un thème qu'aurait adoré Clint Eastwwod toujours passionné par le thème du héros, qu'il soit factice, anti-héros, construit pour des besoins politiques, ou héros ordinaire. Le héros est-il le produit des circonstances? le fruit du hasard? Une simple bonne réaction face au destin?
Paul Greengrass avait déjà pris le sujet. Eastwood devra se contenter de héros américains en France avec "le 15h17 pour Paris".
Quant aux terroristes, ils sont probablement en train de vérifier la valeur des publicités pour le jardin d'eden.