La fille du commandant
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Au sens propre comme au figuré, « Volga en flammes » se situe à la lisère de deux mondes. S’inspirant de « La fille du Capitaine », roman d’Alexandre Pouchkine, l’action se passe à la veille de la grande révolution bolchévique, qui verra la fin du règne des Tsars en Russie. Le film quant à lui est sorti en 1934, son réalisateur, russe, a émigré en 1917 et l’on y sent fortement l’influence slave, du cinéma muet et le vécu artistique de « l’apatride » ce qui donne lieu à nombreuses références cinématographiques.
Le contexte replacé est essentiel pour mieux cerner l’entité de ce film que l’on pourrait qualifier d’aventure et d’excellente tenue. Le destin qui mettra en présence à trois reprises le lieutenant Orloff (fidèle sans faille au Tsar) et le chef des insurgés Silatschoff ponctue l’action générale du film en trois parties. Cela donnera lieu à une reconstitution, au moins dans l’esprit, de ce que fut la révolution russe. Entre un ancien régime, où frivolités et insouciance ne présage pas la fin d’un règne, quelques réfractaires qui fomentent en secret le renversement et quelques hommes et femmes dont la « vertu » tentent l’apaisement, on tient là les tenants et aboutissants, en raccourci bien évidemment, de ce changement d’ordre sociétal.
Le budget était sans doute étriqué à l’époque, pourtant grâce à quelques trouvailles ingénieuses, Tourjanski réussi à donner à son film une vraie fièvre. Il en va par exemple des scènes de combats, dont le séquençage et le montage permettent de donner un vraie sens à l’action en se faisant se succéder quelques scènes syncopiques qui d’une poignée de soldats, d’un canon en tir, d’un écran de fumée expriment le feu et le sang. Ou bien encore, à la manière d’un Able Gance (dont Tourjansky fut l’assistant) se juxtaposent les scènes de guerre donnant l’effet du réel avec peu de moyens. A contrario, les scènes mineures sont traitées de manières classiques, un simple écran devant lequel les acteurs jouent leur textes dans un statisme général peu convaincant (scènes de traineaux, de la luge…).
L'approche "Russie" est également très soignée, sans exotisme touristique, les décors (si l’on excepte la coupole aux miroirs un peu trop clinquante), les ambiances (de nombreux chants traditionnels notamment) et surtout les costumes de René Eugène Hubert (la robe que porte Olga lors du dîner est une splendeur) nous replongent dans l’univers romancé de Pouchkine.
La musique, hors chants, est par contre encore très empreinte du muet, venant marteler l’action de manière un peu trop prégnante. Même reproche d’un reste de « muet » à certaines scènes trop maniérées et poussives.
Mais ce qui fait la grande qualité du film tient à des moments d’une cruauté assez détonante à l’époque (l’arrivée des vaisseaux aux pendus, l’attentant au poste de garde…) ou d’une rare intensité cinématographique (les émeutes, où lorsque Olga l’épouse forcé du faux Tsar s’éloigne avec lui sous le chant des soldats…). Bon, nous sommes très loin d’Eisenstein bien sur, mais on peut saluer toutefois ce beau travail artisanal.
Quant aux acteurs, rien à en dire si ce n’est qu’ils sont parfaits, Albert Préjean sobre et efficace, Danielle Darrieux (qui n’a alors que 17 ans) est d’une réelle fraicheur, Valéry Inkijinoff tient son rôle de chef des insurgés avec beaucoup de finesse, et Nathalie Kovanko (qui est alors l’épouse du réalisateur) est vraiment touchante. Raymond Rouleau a quant à lui le sourcil épilé impeccable !
Cet ensemble d’éléments positifs font de « Volga en flammes » un film très plaisant à suivre et souvent inspiré.
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Créée
le 2 nov. 2015
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