Volver est un tableau.
L'histoire crue et cruelle de ses vies, teintée de l'ardeur de l'Espagne, se pare de l'admiration et de la bienveillance de la caméra d'Almodóvar, cet œil esthète qui propulse le film sur les planches de l'hommage. Un hommage vibrant de l'amour qu'il porte aux femmes et plus particulièrement aux mères.
On assiste ainsi à la débâcle de ces dames des quartiers populaires, entre superstitions Hispaniques et pragmatisme de rue, avec une certaine fascination. Les commères, les prostituées, les passionnées, les absentes, les criminelles, les raisonnables, les irréalistes : toutes sont aimées pour ce qu'elles sont, dans la simplicité de leur misère, de leurs croyances ou de leur culture, honorées par des plans aux couleurs de la poésie.
Probablement son scénario n'est-il qu'une vitrine, un socle d'exposition érigé pour que ces femmes y pleurent, y crient, y aiment, dans l'élémentaire beauté de leurs émotions. Almodóvar distille finement une ode à leur existence, invitant à la contemplation du genre humain dans une appréciation esthétique dépouillée de grandes philosophies, comme un peintre s'en tient à l'essence d'un trait.
Tous ne seront pas sensibles à ce style épuré, rebutés par ses airs de documentaire et certaines longueurs, mais en ce qui me concerne : le charme a opéré.