Votamos
Votamos

Court-métrage de Santiago Requejo (2021)

Œuvre en compétition pour le festival Cinema for change, Votamos est un court métrage à l'analyse sociale remarquable qui arpente les coulisses d'une réunion de copropriété aux attraits tout du moins lambdas.
Synopsis:
Alors que la décision de changer l'ascenseur antédiluvien de l'immeuble vient d'être votée à l'unanimité, Alberto, un des participants, annonce qu'il fera enménager sous peu un collègue de travail. Seulement lors de cette annonce il spécifie une particularité de son collègue : il souffre d'un problème de santé mentale et est en voie de réinsertion. Un détail anodin pour Alberto, mais crucial pour le reste du comité...

Les réactions sont donc rudes et les idées radicales, il est hors de question d'accepter un "fou" dans l'immeuble qui serait capable d'on ne sait quels méfaits. Si il a un problème mental, c'est que la vie communautaire lui est impossible, il doit rester dans son asile... Voilà ce que pensent du moins la majorité des personnages, et c'est en ça que la forme du film accuse. Le réquisitoire perceptible de l'œuvre est contre le jugement spontané, les apprioris qu'on se fait de quelqu'un différent de la norme.

Mais, au delà du manque évident de tolérance et d'acceptation de l'autre par l'équipe de voisinage, le métrage arbore plus profondément encore l'essence même du comportement humain, de son vice social.
Au début de ce plan séquence (on notera d'ailleurs la performance remarquable des acteurs tout du long), l'ambiance est très plaisante : on assiste à une pluie de serrages de main, de rires, d'expressions faciales joyeuses, de gestuelle gracieuse... Il s'agit d'un véritable consensus ou tout les partis prenant admettent en bon et due forme l'importance du changement d'ascenseur, le passage de l'ancien au moderne. Seulement ce modernisme d'apparence a ses limites, et il les franchis quand il s'agit d'un homme qui pourrait potentiellement nuire à son havre de paix. En effet, dès l'annonce d'Alberto, les masques tombent. Que ce soit une célibataire en manque cruel de relation, un voisin de pallier effrayé d'être embêté, une participante aux idées radicales ou encore un maître de cérémonie n'ayant absolument aucune autorité, on découvre la nature réelle de chacun, celle qui nous anime et dicte nos pensées. Et quand Alberto essaye de s'esquiver à cette hérésie collective, on l'en empêche, on lui rabâche à mainte reprise de prendre conscience de dangers qui, en réalité, n'existent pas.
Le court métrage dénonce alors l'effet de groupe. Des aprioris qui s'enveniment au fil du temps, à cause d'humains trop préoccupés par la pensée de leur propre train de vie plutôt qu'à la réinsertion d'un homme à qui l'on a rien à envier et qui souffre déjà depuis sa naissance.
Hormis Alberto, la seule personne qui ose s'interposer est donc une principale victime du vice humain. Dans un monologue prenant, Nuria s'interpose telle une martyre sur la difficulté inimaginable que c'est de vivre avec un problème de santé mentale, elle, qui depuis 15 ans, s'efforce de prendre des cachets pour paraître "normales", ou pour plutôt ne pas froissé la vie de citoyens trop dérangés par une personne qu'ils ne connaissent ni d'Eve ni d'Adam. Le métrage s'arrête là. Sur un discours éveillé et à but éveillant.

Votamos est une réalisation tirée d'une histoire vraie vécue par le réalisateur lui même. Santiago Requejo nous laisse alors sur une réflexion des plus claires : Dans cette histoire, qui est réellement...fou ?

PabloEscrobar
7
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le 26 oct. 2023

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