Les conneries de tonton Jean-Luc

Ce qui est formidable avec Godard c'est que même lorsqu'on pense avoir vu quasiment tous ses films, on en trouve toujours un nouveau à découvrir... Cette fois, comme pour Scénario du film "Passion" ou bien Petites notes à propos du film "Je vous salue, Marie", il tourne un film sur un de ses films où il va expliquer sa démarche.

Alors Sauve qui peut la vie n'est pas mon Godard préféré, je l'ai vu il y a très longtemps, mais clairement ce documentaire m'a donné envie de m'y replonger. Je crois que ça m'avait pas fait avec celui sur Je vous salue Marie. Même si je n'adore pas le film de base, il arrive à rendre son avis, son processus artistique absolument fascinant et ça donne juste envie de revoir le film avec l’œil plus éclairé et cette fois ressentir ce qu'on aurait dû ressentir.

Grosso-modo on a trois parties qui s'alternent dans ce docu, celles reprenant des extraits du film, celles avec Christian Defaye et pour moi les meilleures avec Isabelle Huppert.

Huppert est encore jeune, on la sent un peu timide, mais qu'elle a gros sur la patate, qu'elle reproche des trucs à Godard, sur sa gestion des acteurs... et petit à petit il arrive à l'apaiser, à la charmer, alors qu'il raconte des trucs qui partent dans tous les sens. On se croirait dans Le genou de Claire avec Godard essayant de prendre la main d'Isabelle pour lui expliquer pourqu'il y avait de l'amour dans la prostitution.

Alors évidemment ce qu'il dit sur le cinéma est passionnant et ça aurait pu durer 2h de plus... notamment encore une fois sur le travail, sur le fait que les gens ne veulent pas voir le travail au cinéma, sur pourquoi ils ne veulent pas voir le travail au cinéma (sans doute parce qu'ils ont conscience que leur travail qu'ils font 6h par jour est pas très intéressant), mais disons que ce discours je le connaissais et que ce qui m'a vraiment marqué c'est Huppert. Je ne l'avais jamais vue comme ça, à la fois fragile, énervée mais charmée.

De toutes façons c'est à voir, qu'on aime Godard ou non, rien que pour se confronter à une autre façon de faire du cinéma, une autre façon de le concevoir... et pour écouter les conneries de tonton Jean-Luc.