Depuis le week end jusqu'à hier, je me suis revisionné en replay une série de films "julesverniens", à savoir L'Ile mystérieuse de Cy Enfield, le Monde perdu de Irwin Allen, et ce Voyage au centre de la Terre, 3 films qui m'avaient ébloui étant enfant, que j'ai revus plusieurs fois ensuite, et dont j'ai à nouveau savouré l'excellence. J'adore ce genre de films, qui mêlent merveilleux, féerie, aventure mystérieuse, grand spectacle et jungle pleine de dangers, avec quelques bêbêtes monstrueuses.
Le Monde perdu est une adaptation de Conan Doyle, le père de Sherlock Holmes, mais c'est une aventure très "julesvernienne", et avec ce revisionnage, ça m'a paru frappant ; Jules Verne est sans doute l'auteur le plus adapté au cinéma (et à la télé), avec une cinquantaine d'adaptations de ses oeuvres, ça a dû agacer Hollywood qu'il ne soit pas américain, mais en tout cas, dans tout ce que j'ai pu voir jusqu'ici comme films d'après son oeuvre, j'ai constaté qu'il a rarement été trahi, malgré plusieurs libertés prises par les studios, mais l'essentiel est d'avoir respecté son univers pour que ça soit du Jules Verne estampillé. C'est le cas ici avec ce film qui reste une production américaine sérieuse et très soignée, avec un bon budget, ce qui a permis un excellent rendu, la production ayant avant tout misé sur le spectacle quasi féerique et le merveilleux, en créant des décors extraordinaires que n'aurait pas renié Jules Verne lui-même, ainsi que des effets spéciaux à la hauteur, en s'adjoignant les services de Bernard Herrmann pour la musique, et en employant James Mason qui trouve un de ses meilleurs rôles, bien secondé par la beauté rousse Arlene Dahl et Pat Boone que la production a trouvé le moyen de faire chanter, juste avant d'aller explorer les entrailles de la terre.
Le film conserve la trame générale du roman, mais a recours à des variantes : l'action au début a lieu en Ecosse à Edimbourg, dans le roman c'est en Allemagne à Hambourg, le professeur Otto Lindenbrock devenant Oliver Lindenbrook ; 2 personnages ont été rajoutés, avec celui d'Arlene Dahl et celui du comte Saknussem (pour avoir un méchant qui sabote l'exploration des héros). De même que la découverte des vestiges de l'Atlantide ne figurait pas dans le livre. Le personnage de Hans, le vigoureux islandais a été conservé. On voit que tout ceci n'est pas une grande entorse, il fallait une dramatisation qui fonctionne, et le résultat fait qu'il est difficile de ne pas être séduit par ce fabuleux voyage, par l'étrangeté des décors (grottes de quartz, cascades de sel, océan souterrain, forêt de champignons géants, couloirs de lave...), les rebondissements multiples de la trame dramatique, et les monstres préhistoriques qui ne sont en fait que des iguanes affublés de crêtes dorsales pour ressembler à des dimétrodons ; ils sont filmés en gros plan et au ralenti, puis incrustés sur l'image à côté des acteurs, ainsi ils paraissent énormes et l'illusion est parfaite, ça évite de vilaines baudruches qui se déplacent de façon gauche, qu'on a vues dans des films de dinosaures à petit budget, et la qualité de l'image entre celle des lézards et des acteurs est bien raccordée, d'habitude, dans ce genre de scènes, on voit un grain d'image apparent, ici, c'est très bien fait pour l'époque.
Tous ces trucages sont soignés, l'équipe d'effets spéciaux et de décoration sous la direction du chevronné Lyle Wheeler a d'ailleurs été nominée aux Oscars. Plusieures scènes ont pu être tournées dans les célèbres grottes de Carslbad au Nouveau Mexique, à 270 m sous terre, ce qui entraina de grandes difficultés techniques et humaines, notamment la claustrophobie qui affecta une partie de l'équipe des 130 techniciens.
Au vu de tout ça, on se laisse emporter par la magie de ces aventures fantastiques dans lesquelles la science et la féerie se mêlent étroitement, et paradoxalement, on y retrouve intact le charme irremplaçable des romans de Jules Verne alors qu'on aurait pu crainde une production au sujet édulcoré. Le plus beau c'est que malgré qu'une partie des décors paraissent de carton pâte, l'ensemble confère au film une étrange atmosphère de mystère et d'aventure irréelle ; je crois n'avoir jamais vu meilleure adaptation du grand Jules Verne. Un film éblouissant et captivant !

Ugly
9

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le 21 juil. 2020

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Ugly

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