Tout ou rien...
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Le documentaire est en deux parties d'environ 50 mn chacune : le désert, les montagnes.
L'idée est qu'en 1967, Kessel, âgé, revient en Afghanistan avec une petite équipe pour retrouver les paysages de son plus grand roman, Les cavaliers. Alléchant, me direz-vous. C'est ce que je croyais aussi.
Mais dès le début, on commence par une série de gros plans sur Kessel qui fait des mimiques, fume, regarde autour de lui. Les étapes sont coupées par des récits d'anecdotes de sa jeunesse, qu'il conte avec une voix lente, qui s'écoute un peu parler. L'image n'a aussi pas bien vieilli. Le dispositif choisi insistait sûrement sur la légèreté plutôt que sur la qualité d'image.
Dans les passages avec la voix-off de Kessel décrivant, de manière lyrique, la diversité des paysages afghans, avec un celluloïd aurait hélas besoin d'une restauration, on a l'impression de regarder un diaporama de vacances. Cela a hélas bien vieilli. Par ailleurs les anecdotes que Kessel raconte sur lui ont souvent un lien très limité avec la situation, par conséquent on peut dire que le reportage porte davantage sur Kessel que sur le pays.
Et pourtant quel sujet, que celui d'une plongée en Afghanistan avant l'époque de la mondialisation ! Le reportage fait prendre la mesure de ce qu'était le voyage auparavant : la lourdeur d'une équipe de tournage, la possibilité de se perdre sans géolocalisation, etc... On voit des costumes folkloriques, des visages profondément marqués par la pauvreté et l'obscurantisme, mais dont les visages rayonnent de bonté tout en brandissant leurs vieilles pétoires. On voit beaucoup de gamins des rues qui accourent comme des mouches. Des vieillards de 110 ans avec leur barbe hirsute, leur oeil torve et leur calot sur la tête. On voit beaucoup de choses, mais il y a toujours Kessel, avec un air pénétré, au premier plan de la caméra. Et cela semble un peu déplacé.
Et pourtant on marche dans le désert, on voit les bouddhas de Bamiyan, des enceintes de l'époque antique, une partie de bouzkachi, un mariage afghan, et une série de fêtes en l'honneur de Kessel, avec coups de feu festifs et danses masculines (les femmes restent invisibles tout le film).
Alors, cet aspect narcissique du documentaire, est-ce la faute de Kessel ? Il était devenu académicien et âgé. Il a dû prendre ce voyage comme une belle escapade, tout en souffrant, sans en rien montrer, du dispositif engoncé. C'est ça, ou l'homme était très cabot. Difficile à dire.
Le reportage n'est pas inintéressant mais est hélas assez dispensable.
Notes au vol pendant le visionnage.
Partie 1
Allongé en lisière d'un village, entouré de groupes d'enfants, Kessel raconte son premier reportage, en 1920... en Irlande. On commence à se demander si le reportage est sur lui ou sur le pays.
Kessel très relax alors que de nuit, on regarde la carte, perdu dans le désert. Il raconte une anecdote interminable sur Montecarlo et un épisode d'addiction au jeu.
Partie 2 : halte à Kaboul, dissertation sur les quartiers populaires et le rôle de la musique.
Puis voyage dans les montagnes de Paktia, où les villages, prévenus par le roi de la venue de Kessel, lui fournissent un accueil grandiose et un peu engoncé. La voiture traversant avec difficulté un torrent.
Créée
le 26 janv. 2019
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