Adapté d'un roman de Herta Müller ce film puise sa force dans la simplicité de son récit. En effet ici il n'y a pas d'intrigue très compliquée, une roumaine veut rejoindre un homme en Allemagne et pour ça elle doit traverser l'Europe, quitter la dictature communiste, mais également quitter son pays natal. Müller s'est forcément inspirée de sa propre vie pour écrire cette histoire et là le réalisateur s'en sert pour faire un film expérimental.
Le film est tourné dans un format 1:1 (carré) ce qui donne l'impression immédiatement de regarder des vieilles photos. D'ailleurs ce n'est sans doute pas pour rien que le film s'ouvre sur la jeune fille qui prend des photos d'identité pour se rendre en Allemagne.
C'est avant tout un film qui se sert de son histoire pour raconter visuellement des choses. Il est si simple qu'il peut se permettre, sans perdre son spectateur, d'oser des choses visuellement très oniriques tout en retombant sur ses pattes. J'aime beaucoup tous les collages qui sont proposés, faits de souvenirs perdus, de mélanges de la jeune femme actuelle immigrée et de sa Roumanie natale et de son couple présentiel les Ceausescu. Quelque part la forme colle parfaitement avec l'état d'esprit de son personnage et c'est ce qui en fait sa force, rien n'est gratuit.
Sans être un film très gai, il arrive pourtant à être enchanteur par moments avec ses formes, ses souvenirs qui se mélangent à la réalité.
Et sans être révolutionnaire ni rien, c'est une agréable découverte.