"Voyagers" ressemble à un teen-movie standard que l'affiche voudrait édulcorer "un peu olé olé" mais c'est un peu plus subtil que ça. Contrairement à une tendance générale, les ados ne sont pas ici des petits adultes qui piquent la vedettes à leurs aînés pour nous signifier en toute complaisance que le remplacement est ok. Les 40 ados qu'on nous met en scène sont pour la plupart conscient d’être en cours de formation, de ne pas encore être au point alors que le seul adulte meurt lors d'une dernière mission dans l'espace. Ils sont livrés à leur sort, prisonniers d'un vaisseau spatial, c'est tout d'abords la détresse mais bien vite les débordements inhérents à la jeunesse: fête, glandouille, libido, bagarre, vandalisme, inconséquence, alors qu'un petit nombre s'inquiète de la situation qui se dégrade. Il faut dire que tout le monde a arrêté de prendre son liquide bleu, un calmant mélangeant les vertus du salpêtre (calme la libido) et du fluor (docilité) et qu'ils/elles goûtent pour la première fois à un cocktail hormonal inconnu et revigorant et ce en toute liberté.
La seconde partie du film voit la prise de pouvoir totalitaire par le plus fougueux de la bande à la manière de "Sa majesté des mouches" et on entre dans un déroulement tout tracé d'avance. Zac, le méchant est responsable de la mort de Richard (l'adulte), il use de la tactique bien connue du miroir aux alouettes en prétendant qu'un alien est à bord, qu'il habite ses opposants et qu'il faut les éliminer. Notons une certaine justesse dans la façon dont cette "fake news" galvanise la masse des suiveur/euses qui montent en violence.
Mais tout fini bien, qu'on se rassure: Une fois le vilain Zac propulsé dans le vide intersidéral, tout redevient paisible !
Hollywood nous montre trop souvent des ados surdoués qui ridiculisent les adultes, l'autre qui a été nommé cheffe des armées à 16 ans, l'autre qui à 14 ans a déjà fait un tas de métiers ou encore le petit qui se fabrique un jet-pack à 8 ans. "Voyagers" met la pédale douce de ce côté, mème s'il nous montre une bande de petits génies en herbe, leur formation tournée vers cette mission depuis la naissance arrive à le justifier. Ces ados restent des ados du début à la fin, toujours un peu perdus ou complètement emportés, naïfs et suiveurs pour la plupart. Il y a donc un certain réalisme et une certaine crédibilité face à ce qui nous est raconté. La forme de ce space-opéra en huis-clos est sans doute un peu cheap et repoussante et le conflit un peu extrême pour ses prétextes mais il me semble quand-même passer la barre.