"Le Voyageur malgré lui" est le récit - utilisant les codes un peu conventionnels certes du cinéma grand public hollywoodien - du voyage - lent, difficile - d'un homme éteint de la "stérilité émotionnelle" à une nouvelle ouverture au monde, évidemment représentée par la naissance d'un "sourire". La peinture minutieuse de la dépression profonde du héros - un William Hurt impeccable, comme toujours - est néanmoins colorée de jolis moments fantaisistes, un peu absurdes, voire même comiques, d'ailleurs purement cinématographiques, qui éloignent le film de la simple adaptation d'une œuvre littéraire réputée. Finalement, si l'on considère le défi que représente le fait de rendre sympathique, voire attachant, un personnage aussi profondément triste que celui joué par Hurt, il est indéniable que "le Voyageur malgré lui" a tout du tour de force et figurera parmi les plus grandes réussites de Lawrence Kasdan, mais aussi du (très rare) cinéma adulte hollywoodien. [Critique écrite en 1989 et retouchée en 2016]