Deux anecdotes marrantes sur ce film, enfin surtout la première. Rossellini prépare Stromboli dont il doit confier le rôle à sa compagne, la grande Anna Magnani. Pas de chance, il rencontre Ingrid Bergman, tombe amoureux d'elle, largue la Magnani et lui retire le rôle de Stromboli pour le filer à sa nouvelle meuf et créer le chef-d'oeuvre que l'on sait. Mais la Magnani ne se laisse pas faire et commande immédiatement un film du même genre, à partir du script original puisque Rossellini l'a modifié pour Bergman, mais sur un autre volcan ! Ce sera l'ile de Vulcano, située comme par hasard juste en face de celle de Stromboli, à quelques noeuds de la Sicile. Si ça se trouve les deux équipes ont tourné en même temps, ce serait marrant de vérifier. L'autre est moins cocasse, mais tout de même étonnante : Vulcano est un pur film néoréaliste italien, très bien dans le genre d'ailleurs, même s'il ne vaut pas le Rossellini, c'est un superbe film, hyper bien filmé, avec de nombreuses scènes documentaires inscrites dans la fiction, avec une prise en compte du paysage comme acteur principal vraiment réussie et avec un super fond, plein de fatum, vraiment un pur film néoréaliste italien, quoi. Mais ce qui est fun, c'est qu'il est réalisé par William Dieterle ! Dieterle, réalisateur allemand donc, qui part aux USA en 1930 et qui se fait naturalisé américain en 1937, et qui devient un immense cinéaste américain. Et bien cet allemand d'Hollywood, comme il y en avait des caisses à l'époque, est aussi un super réalisateur néoréaliste italien ! A cet époque il était exilé d'Hollywood par le McCarthysme lui reprochant ses accointances socialistes et en a profité pour revenir en Europe et notamment réaliser Vulcano. Avec tout ce pataquès on pourrait s'attendre à un film décousu, sans queue ni tête, mais c'est tout le contraire, c'est dire si les mecs assuraient !