Les écoles de cinéma, que ce soit en animation ou en prise de vue réelle, ont toujours été le lieu de toutes les expérimentations artistiques et techniques car l'un des seuls moments où un artiste peut proposer ce qu'il souhaite (à plus de 50%) sans être contraint ni financièrement, ni artistiquement. Les écoles sont ouvertes pour tout ce qui pourrait apporter bonne presse, en festival de cinéma ou en festival académique, et ils se doivent d'y mettre le paquet pour prouver leurs implications dans la scolarité des élèves. En France, les écoles ont toujours su offrir ce qu'il y a de meilleur, au point que beaucoup de courts métrages étudiants français finissent en festival, voire aux Oscars. Parmi ces établissements, Les Gobelins en est la figure de prou car meilleur école d'animation du monde, et dénicheur de talents aujourd'hui disputé à l'international, allant de Pierre Perrifel (réalisateur des Bad Guys) à Patrick Imbert (réalisateur du Sommet des dieux ou du Grand Méchant Renard et Autres Contes). C'est un établissement où l'excellence est le maitre mot, où chaque courts métrages, comme Mum's Sweater, est scruté par l'ensemble des académies du monde entier, distribué dans tous les festivals, quasiment toujours présent aux Oscars, et tous proposant des œuvres riches et diverses. Il est ainsi intéressant de voir le regard singulier d'étudiants expérimentés, au niveau de professionnels, s'attaquer à un genre très peu mis en avant dans le cinéma: Le cinéma érotique. C'est ainsi que l'un des projets de la promotion 2022 s'est attaqué au genre du film érotique à travers Vulvine Reine d'Extase, en compétition au Festival du film de Fesses, événement qui a récompensé des films comme My Year of Dick.


On suit donc une reine qui, dès le début de son règne et jusqu'à la fin de ce dernier, va chercher une forme de plaisir régressif et égoïste dans le sexe et le meurtre d'innocents pour satisfaire ses pulsions. A chaque fois qu'elle tue quelqu'un, la mort vient la voir et elle, demandeuse d'un contact charnelle hors normes, va tout faire pour prolonger le plaisir et (littéralement) jouer avec la mort. On sent très vite une forme de plaisir à mettre en scène des images plus qu'une histoire, notamment lorsque ces dernières viennent défiler dans un jeu de calque pour avoir un maximum de poses et de plans se voulant puissant et fort. Le problème est que le spectateur est souvent laissé à l'abandon face à un personnage que le film juge, mais glorifie sous plein d'aspects. C'est elle qui occupe l'entièreté du film, c'est l'élément moteur du récit, c'est elle qui démarre les scènes de sexe, elle va pour dominer les scènes de fellations ou de cunnilingus et, même si elle est montré comme un personnage fort, son image sera préservé avec des plans faites pour toujours la mettre en valeur. Malgré qu'il met en scène un personnage dont on doit juger son addiction au sexe et à la violence, le film ne rabaissera jamais son personnage principale, toujours propre et élégante, entre l'égoïsme puéril immature de Mère Gothel dans Raiponce et la froideur de la méchante reine dans Blanche Neige et les sept Nains de Walt Disney (les comparatifs ne sont pas choisis au hasard, on y reviendra plus tard). La violence et son personnage principale, tout comme le sexe, sont des éléments qui fascinent autant qu'ils sont condamnés, et on peut regretter que le film y perdent énormément en cohérence dans son propos de fond. On ressens de la fascination et de l'émerveillement face à la direction artistique et aux graphismes qui sont irréprochables, ces derniers mettant élégamment en avant la violence et le sexe du récit, mais de l'autre côté on est en proie à un profond dégoût face à des scènes voulu comme dérangeante qui naissent de la violence et du sexe... que le film prends un plaisir douteux à mettre en scène.


On en vient à penser, peu être à tord mais probablement à raison, que le film est avant tout pensé et fait dans une logique d'affirmation d'une liberté, et d'exacerbation des passions. Les réalisateurs aiment le sexe, aiment le gore, aiment les sujets matures, et ont surement créer un film se voulant le reflet de ce qu'ils ne peuvent pas faire en temps normal, de ce qu'ils ne voient pas assez dans des contenus animés traditionnels. Cela explique notamment le côté décousu du film qui est fait avant tout pour mettre en avant la surenchère de violence et de sexe qui, in fine, est le but même du film... sauf que le spectateur se retrouve à l'écart et voit juste un (des) réalisateur(s) qui se font plaisir égoïstement. Tout cela vient accentuer les fautes de goûts, lorsque la reine va pour forcer la mort pour avoir un rapport charnelle ou qu'elle va se couper volontairement la langue avec les dents pour faire apparaitre la mort, et se dire que le travail aurait pu être beaucoup plus soigné et fin dans l'exécution. Cela me rappelle un peu mon sentiment à la sortie de Mars Express de Jérémie Perrin, où là aussi, le réalisateur avait laissé libre court à ses envies de spectateur, mais en délaissant le soin à l'écriture et à la mise en scène. Ici, cela est d'autant plus flagrant lorsque l'on ressent une forme de pudeur niveau prise de risque où, mise à part le temps d'un ou deux plans, on s'assure une forme de conformité et d'académisme. La mise en scène des rapports sexuelles est assez plates, se rapprochant de la mise en scène peu glorieuse de certaines scènes de sexe dans les films d'animation DC, et la violence est souvent hors champ ou très vaguement montrée. A cela s'ajoute les défauts lié aux conditions de production et au manque d'expérience des réalisateurs dans le domaine, avec des disparités flagrante sur la représentation du sexe (cela se voit notamment dans la représentation des parties intimes, où la vulve est très détaillé face au phallus de la mort qui ressemble à une fritte de piscine), et on finit par obtenir un film très loin d'être bon mais qui réussit à ne pas être foncièrement mauvais. Le plus gros soucis du film est qu'il s'enfonce dans un premier degrés presque déconnecté, oubliant qu'il réutilise des codes de films Disney pour définir son protagoniste féminin et qu'il se nomme VULVine reine d'extase, et parait presque hypocrite à se croire plus gore et mature qu'il ne l'est.


8,75/20


N’hésitez pas à partager votre avis et le défendre, qu'il soit objectif ou non. De mon côté, je le respecterai s'il est en désaccord avec le miens, mais je le respecterai encore plus si vous, de votre côté, vous respectez mon avis.

Youdidi
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