C'est l'histoire d'un cafard...
... qui est super pote avec un robot compresseur qui s'appelle Wall-E (prononcez "ouali"). Les deux compères vivent seuls sur une planète Terre ravagée par des siècles de pollution diverse et variée, et abandonnée par les humains 700 ans plus tôt. Wall-E avait été, à l'époque, programmé pour compacter, sous la forme de cubes, les déchets produits par l'Humanité, accompagné par une armée de ses semblables. Les années s'écoulant, ses clones sont peu à peu tous tombés en panne, au point qu'il ne reste plus que lui - et son ami le cafard - au moment où l'histoire débute.
Il faut dire que Wall-E est un robot un peu particulier, qui passe plus de temps à ramasser des objets qui attirent son regard : un canard en plastique, une boîte à bijou (mais sans le diamant qui va avec, ça n'a aucun intérêt !), un briquet (ah oui ! Il aime bien ça, les briquets), etc. Mais Wall-E ne fait pas qu'entasser des choses en apparence banales dans sa boîte à outils - qu'il trimballe comme certains promènent leur attaché-case ou leur boîte à goûter -, il s'inquiète pour son blatte de copain, il regarde tous les soirs le même film musical en reproduisant les mouvements des danseurs et en rêvant de pouvoir prendre un jour la main de celle qu'il aimera dans ses propres mimines et puis, comme nous le matin, il se réveille avec la tête dans le fondement et galère à enfiler ses chenillettes pour prendre son petit-déjeuner solaire.
Voilà, Wall-E, c'est un robot plus expressif que Ryan Gosling (c'est pas trop difficile en même temps...) dont les lentilles débordent de joie, de peur, de surprise, de colère et de naïveté. Wall-E, c'est un robot plus humain que nous tous réunis. Il est vieux, obsolète, rouillé, cabossé et sale (Mo vous le dira), mais il est incroyablement attachant. Il n'a que quelques mots de vocabulaire mais on comprend tout ce qu'il ressent, tout ce qu'il désire rien qu'à son intonation. Wall-E, c'est un bout de métal qu'on a envie de serrer dans nos bras, quitte à se couvrir de "matières toxiques".
Et un jour où ce héros malgré lui déniche une minuscule pousse verte au fin fond d'un cagibi - pousse qu'il va planter dans une vieille godasse pleine de boue -, il va faire la rencontre, d'abord d'un tâche rouge, puis de Eve, une "robote" blanche et ovoïde, propre et belliqueuse, dont la mission est de scanner tous les cailloux de la planète Terre pour y détecter une trace de végétation. Une "robote" qui fait immédiatement chavirer les petits rouages de Wall-E et qui va lui permettre d'apprendre un nouveau mot : "èèèveuh" (à prononcer avec un air béat).
Et la suite, je vous laisse la découvrir en plongeant dans cette univers où toute la technique des studios Pixar fait des merveilles, avec seulement deux, trois reflets et quelques diodes savamment agencées. Là où la lampe de bureau a échoué avec des voitures, elle fait des prouesses avec une flopée de robots aux formes pourtant très diverses (si vous avez l'occasion d'avoir le DVD dans les mains, regardez le court métrage Burn-E). Sans atteindre la perfection, ce film est un petit bijou qu'il est nécessaire de voir. L'histoire n'a rien de mièvre ou de moralisateur - contrairement à ce que le speech de départ pourrait faire penser -, elle est justement dosée pour ne pas écoeurer ce qui ne goûtent pas au roman à l'eau de rose ni agacer ceux qui aiment savourer un spectacle sans sentir un doigt accusateur s'enfoncer dans leur œil droit. L'amour et le discours écolo sont bien présents en toile de fond sans pour autant venir gâcher cette œuvre qu'il est obligatoire de voir au moins une fois dans sa vie.
Vous allez me dire, pourquoi un 8 seulement après une critique aussi dithyrambique ? Parce qu'une fois l'émerveillement du premier visionnage passé, le film accuse tout de même quelques longueurs. Trois fois rien ceci-dit, surtout que l'action s'enchaîne tout de même assez vite, mais juste ce qu'il faut pour ne pas lui octroyer son 9 (mais c'est un gros 8).