C'est un film étrangement beau, étrangement dur, étrangement triste, étrangement poétique, pas complétement désespéré, y a parfois presque une lueur d'espoir à l'horizon du Dakota.
Le cinéma US indépendant excelle à raconter l'Amérique des laissé-pour-comptes, des marginaux, des paumés, ceux qui vivent dans des mobil home, loin de l'American dream. Ici la caméra (d'or) suit le quotidien de deux garçons - qui ne se connaissent pas - un jeune pas tout à fait adulte et un gamin de 10 ans, dans la réserve des lakotas.
Certes on peut s'ennuyer devant ce film qui a des allures de documentaire, où parfois il ne se passe pas grand chose, qui peut avoir un air de déjà vu (ados américains à la dérive qui se droguent, aux parents absents ou dépassés, cela rappelle Gus Van Sant et Larry Clark) ou bien se laisser happer par la grâce de ses deux interprètes.
Les deux garçons livrent sans pathos ni condescendance une jeunesse en décrochage scolaire, sans emploi, délinquante, qui devient parent plusieurs fois avant d'être majeure, qui trafique, tombe amoureuse, se venge et qui se cherche malgré tout un avenir, une vie rangée, avec les moyens dont elle dispose. Capable aussi, malgré les difficultés quotidiennes, de se prendre d'affection pour un chien ou d'être subjuguée par l'apparition d'un bison.
Emouvant sans être larmoyant. Caméra d'or méritée.