Difficile de rester objective tant le sujet abordé me touche personnellement…
Réserve de Pine Ridge. Espérance de vie : 50 ans. Taux de chômage : 85 %. Part de la population souffrant d’alcoolisme : 80 %. Pine Ridge est l’un des endroits les plus pauvres au monde.Nous ne sommes pas au Bengladesh, nous ne sommes pas au XIVeme siècle en pleine épidémie de peste noire. Nous sommes en plein cœur de la plus grande puissance mondiale, les États-Unis, en 2023. C’est ainsi que vit ce qui reste de la grande tribu des Sioux Lakota. Comment survivre dans ces conditions, comment s’en sortir ? C’est l’énigme que vont essayer de résoudre Bill et Matho, rôles campés par deux tout jeunes acteurs avec beaucoup de justesse et de brio.
Dans ce monde en huis-clos, où l’apparition furtive d’hommes blancs condescendants et racistes ne fait qu’accentuer tragiquement la différence de destins entre deux peuples, on suit les difficultés quotidiennes de ces grands oubliés, de ces laissés-pour-compte de l’Amérique. Entre la pauvreté, la drogue, le tabagisme, l’alcool, la malbouffe et l’oubli de la langue originelle, que leur reste-t-il de la sagesse des ancêtres ?
Je ne sais pas si War Pony est un grand film. Une chose est sûre néanmoins : il est nécessaire. La caméra réussit à dépeindre la misère sans pour autant sombrer dans un misérabilisme ou un pathos qui auraient été mal venus, à donner un aperçu des conditions de vie déplorables de la vie dans la Réserve, comme pour dire aux visages pâles : Regardez, voyez ce que vous avez fait de ce peuple libre et fier, ce que vous avez fait des hommes qui vivaient avant vous sur ces terres.
Pourtant, au milieu de cet immense désastre, l’esprit du grand Wakan Tanka continue de souffler, là-bas, dans les grandes plaines…