Si vous avez vu Voyage au bout de l'enfer, vous savez un peu à quoi vous attendre. On suit un groupe de jeunes hommes anglais, entraînés dans la guerre de Bosnie comme casques bleus. Le film est centré sur les aspects ambigus, voire intolérables de leur mission. Le film se conclue sur leur impossible retour à leur vie antérieure... pour ceux qui sont encore vivants.


La reconstitution est très bien faite ; elle se centre principalement sur les Warrior, c'est-à-dire les blindés blancs avec lesquels ces casques bleus essaient de remplir leurs missions. C'est du bon cinéma social britannique comme on l'aime. Ces casques bleus sont originaires de Liverpool, et c'est drôle car en traversant des endroits très glauques de la Bosnie, ça leur rappelle des quartiers pourris de chez eux, genre Toxteth.


Il y a des moments terribles pour qui connaît un peu le contexte. De manière générale, les dialogues frappent juste. Explicite mais juste. Exemple
"- Que faites-vous ensuite ?
- On va à Srebrenica.
- Bonne chance alors
". Terrible.
L'horreur est surtout mentale, même s'il y a quelques images choc, on suit surtout le cheminement de ces atrocités dans la tête de ces hommes de bonne volonté. La fin, qui montre toutes leurs séquelles, est donc nécessaire.


Warriors est un très bon film pacifiste, marquant, qui documente à la fois la guerre de Bosnie et l'insoutenable mission des casques bleus pris entre le marteau et l'enclume.


Synopsis.
Deux copains fêtards, Alan et Skeet. Neil, qui avait prévu de se marier. Sochanik, qui a perdu son frère dans un accident à la ferme. Ces gens sont engagés dans les casques bleus et apprennent qu'ils sont mobilisés pour aller en Bosnie.

Ils vont passer par un certain nombre d'épreuves qui montrent le caractère absurde de leur tâche. Ils sont instrumentalisés par chaque côté : Les Serbes qui veulent les utiliser pour faire le nettoyage ethnique ; les Bosniaques, qui veulent les retenir sur place pour les utiliser comme boucliers. Sous couvert d'escorter un blessé, on peut leur faire porter des messages de la résistance. Ils doivent passer devant des actes de guerre sans avoir l'autorisation d'intervenir, ce qui à force les détruit de l'intérieur. Et inévitablement, le nettoyage ethnique arrive jusqu'à leur zone de cantonnement.
La fin du film revient à leur vie de retour au Royaume-Uni. Dure mise en scène du PTSD, sans complaisance. Le pire est sans doute le capitaine Feeley, qui ne laissait rien voir alors qu'il s'était attaché à une Bosniaque retrouvée assassinée.


Visionnage pour une séquence de spécialité géopolitique de première.

zardoz6704
8
Écrit par

Créée

le 14 sept. 2020

Critique lue 577 fois

6 j'aime

4 commentaires

zardoz6704

Écrit par

Critique lue 577 fois

6
4

D'autres avis sur Warriors - L'Impossible mission

Warriors - L'Impossible mission
Eren
8

Memento

Je devais voir Memento ce soir. Pour la première fois. Je ne voulais pas un film qui s'éternise plus de deux heures. Mais le destin a fait que je me suis retrouvé plonger dans une histoire de trois...

Par

le 17 janv. 2014

18 j'aime

6

Warriors - L'Impossible mission
Babehunter
9

Critique de Warriors - L'Impossible mission par Babehunter

Fans de sensationnels et d'effets spéciaux, passez votre chemin. Ce film, qui aurait pu tenir du documentaire tellement il est dépouillé d'artifices nous jette à la figure notre Connerie de peuples...

le 11 oct. 2010

7 j'aime

Warriors - L'Impossible mission
zardoz6704
8

Voyage au bout de l'enfer, Bosniac Edition.

Si vous avez vu Voyage au bout de l'enfer, vous savez un peu à quoi vous attendre. On suit un groupe de jeunes hommes anglais, entraînés dans la guerre de Bosnie comme casques bleus. Le film est...

le 14 sept. 2020

6 j'aime

4

Du même critique

Orange mécanique
zardoz6704
5

Tout ou rien...

C'est ce genre de film, comme "La dernière tentation du Christ" de Scorsese", qui vous fait sentir comme un rat de laboratoire. C'est fait pour vous faire réagir, et oui, vous réagissez au quart de...

le 6 sept. 2013

56 j'aime

10

Crossed
zardoz6704
5

Fatigant...

"Crossed" est une chronique péchue, au montage saccadé, dans laquelle Karim Debbache, un vidéaste professionnel et sympa, parle à toute vitesse de films qui ont trait au jeu vidéo. Cette chronique a...

le 4 mai 2014

42 j'aime

60

Black Hole : Intégrale
zardoz6704
5

C'est beau, c'est très pensé, mais...

Milieu des années 1970 dans la banlieue de Seattle. Un mal qui se transmet par les relations sexuelles gagne les jeunes, mais c'est un sujet tabou. Il fait naître des difformités diverses et...

le 24 nov. 2013

42 j'aime

6