Wasteland
5.3
Wasteland

Film de Graham Travis (2012)

Un film porno qui tente de se différencier des autres en mêlant les genres, en ayant une autre ambition que créer la jouissance dans le pantalon, ça m'a toujours intrigué. Malheureusement, la plupart de ces films se plantent et celui-ci n'échappe pas à ce qui semble devenir une règle.


Le scénario est très con. A vrai dire, tel quel, on aurait pu le récupérer pour faire du porno traditionnel : une jeune fille pénètre dans un monde de sexe qu'elle ne connaît pas et s'instruit. Ça se tient tel quel. Un petit écart tout de même : un retournement de situation final qui arrive tel un poil pubien dans la bonne soupe aux vermicelles. C'est mal venu, risible, hors propos. Et prétexte facile pour amener la conclusion. Hormis ce détail, je n'ai rien contre l'accaparement d'un scénario léger pour en faire quelque chose de plus substantiel. En tous cas, cette volonté n'est pas sans rappeler le traitement de Refn pour le scénario de "Drive". Malheureusement le réalisateur Travis Graham n'a pas le talent requis pour cela.


La mise en scène, donc, ne convainc pas. On sent pourtant les références depuis Kubrick jusque Refn justement en passant par Korine. Mais le tout est orchestré de façon très maladroite tel un film d'étudiant. Je reproche surtout un manque de savoir-faire pour toutes les scènes dites normales, c'est-à-dire entre deux relations sexuelles. La photographie est jolie, c'est vrai, comme dans beaucoup de porno indie qui apparaissent sur la toile ces dernières années, et ce grâce à des filtres de montage et des caméras de bonne qualité de plus en plus accessibles, mais tout ce qui touche au montage, à la direction d'acteur laissent à désirer. Ces longs silences, ce jeu de regard, ce découpage et surtout cette musique m'ont vraiment agacé tout au long du film.


Quant aux scènes de X, elles sont bien dans le sens où tout est lisible. Les porno esthétiques sont agréables à regarder en règle général, le montage est moins frénétique que dans beaucoup d'autres pornos. En même temps, cela empêche un certain rythme parfois appréciable dans le porno crade. Mais bon c'est un choix artistique qui vaut autant qu'un autre. Il y a tout de même une manie à incorporer trop de plans de voyeurisme et ce de manière trop répétitive et maladroite. À force, ça lasse. Enfin, je suis déçu de la pauvreté des scènes de X. Les 3 premières m'ont excité, le reste n'est une fois de plus que répétition et là aussi le spectateur se lasse. Les scènes manquent d'inventivité. Il y a tout de même la scène finale qui fait rire, une orgie qui ressemble à une parodie de "Eyes Wide Shut" mélangé à du "Requiem for a dream". Surtout que 5 minutes après on a droit au twist narratif...


Bref, je ne suis pas convaincu de ce mélange de genres et de ces expérimentations auteurisantes dans le porno. Je pense que s'il y a quelque chose à changer dans cet art, c'est avant tout au niveau de l'écriture. J'aime les vieux porno avant tout pour leur scénario, même si les expérimentations visuelles et ingéniosités de montage de certains comme "Deepthroat" ou "Behind the Green Door" m'ont beaucoup plu. Disons qu'une fois qu'on a un bon scénario, alors oui, pourquoi pas expérimenter, proposer une lumière différente, un montage ambitieux, des ambiances différentes mais l'histoire doit primer. Au final, dans la production actuelle du porno, j'aime autant me tourner vers ces courtes séquences (de 1mn à 50mn) qui sont peut-être formatées mais remplissent efficacement la fonction qui leur est attribuée plutôt que des films indie qui veulent changer les choses et qui s'avèrent finalement trop maladroit pour changer quoi que ce soit.


Bonus : http://image.noelshack.com/fichiers/2015/08/1424199248-wasteland.jpg

Fatpooper
3
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le 17 avr. 2014

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Fatpooper

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