La plus grande originalité de Wasting away, c'est d'être sûrement le premier film à adopter le point de vue des zombies, pas juste en se plaçant de leur côté comme Day of the dead ou Land of the dead, mais carrément en montrant leur subjectif.
C'est le type de film indépendant où les idées compensent le manque de moyens, dès le générique de début en animation, où l'on voit l'évolution de l'homme depuis le singe, avec un zombie au bout de la ligne. L'animation est simple, mais le résultat est cool.
Autre grande idée du film : le fait qu’il soit en noir et blanc, à l’exception du vert du produit qui transforme en zombie ; à l’époque de mon premier visionnage, j’avais trouvé ça génial, mais en fait l’effet est tout simple (faut faire une sélection par zone de couleur, à l’étalonnage), et pas si bien fait que ça. Le film passe en couleur une fois que les héros absorbent le produit, mais c’est une originalité formelle tout à fait gratuite, qui ne soutient aucun propos : la vie avant que les héros ne deviennent des zombies n’est pas montrée comme moins joyeuse que leur after-life, il n’y a pas de contraste fort comme c’était le cas dans "Les noces funèbres" de Tim Burton.
Et faire du noir et blanc, ce n’est pas juste appliquer un effet en post-production, il faut régler l’éclairage en fonction sur le tournage, et éventuellement améliorer le travail du directeur de la photo à l’étalonnage ; or ici, il y a durant le générique de début quelques plans de nuit où on discerne mal certaines zones de l’image, tandis que durant le reste du film, toutes les zones blanches semblent surexposée.
Le film s’ouvre sur une vidéo montrant une expérience de l’armée, qui veut transformer ses hommes en super-soldats, mais à la place les fait devenir des zombies. Durant cette vidéo, l’image saute exprès, pour faire "found footage", mais produit l’inverse de l’effet voulu : donner une sensation de vérité. En plus, il y a pleins de coupes de montage disgracieuses.
La mise en scène du film au mieux, est suffisamment efficace pour passer inaperçue, au pire elle rend ridicules certains éléments. Quand deux militaires sont à bord d’un camion transportant le fameux produit, l’un d’eux rassure l’autre en disant "no one knows", et à cet exact moment, derrière lui passe un type à moto, qui s’arrête un moment puis repart en trombe. Mais le militaire ne réagit pas ; on veut nous faire croire qu’il n’a rien remarqué ! C’est presque risible.
Un fût du produit toxique tombe du camion, et son contenu se déverse juste à côté d’un carton de crème à glaces. Ca ne dure que 5 secondes, mais il semble que ça ait suffi pour contaminer le produit laitier, car quand un des héros du film le déverse dans une machine à faire des glaces, la crème est toute verte ! Ce qu’il ne trouve pas du tout suspect…
Ce crétin et ses 3 amis sont de jeunes adultes à l’esprit et aux blagues puériles dignes d’adolescents ; leur dialogues sont inintéressants, on ne s’attache pas à eux, mais au moins, contrairement aux acteurs secondaires, leur jeu est correct. Quoique, des fois… Quand ils se transforment en zombie, et en fait à chaque fois qu’on les verra en zombie par la suite, ils sont absolument ridicules, ils en font des caisses sans jamais y croire.
Les 4 personnages principaux se retrouvent soudainement, après ingestion des glaces vert fluo, avec une force décuplée, et un appétit marqué pour la viande, mais ils ne se rendent pas compte de leur métamorphose. Ils se voient encore comme étant normaux, tandis que tout le monde les voit comme les zombies qu’ils sont. Etant donné qu’ils sont lent, les autres personnes leur paraissent vivre en accéléré. C’est marrant, mais uniquement au début, car c’est vite agaçant d’entendre les voix et les musiques en accéléré tout le temps.
Les héros se retrouvent accompagnés d’un militaire lui aussi contaminé (quel hasard qu’ils soient tombés sur lui !), pas le moins du monde crédible (il leur dévoile des informations "confidentielles" s’ils promettent de les garder pour eux), et vraiment con : plutôt que d’accepter le fait que ce sont eux les contaminés, il s’efforce de croire que c’est le cas du reste du monde. Il pense qu’ils ont été immunisés grâce à la consommation de produits laitiers.
Ils y a quelques idées correctes, comme le fait que les zombies arrivent à communiquer avec les gens saouls, bien que ça crée des incohérences plusieurs fois, mais au bout d’un moment, il ne reste plus que quelques gags épars, et encore, des gags vraiment débiles ; certains le sont tellement que c’en est affligeant (toute la partie avec les parents d’une des zombies).
Malgré ça, plusieurs scènes sont traitées comme si elles pouvaient être émouvantes, avec la musique de circonstance censée nous tirer des larmes, mais ça ne marche absolument pas, du coup on a l’impression que ça traîne, et ça devient agaçant (j'ai fini le film en sautant des passages).
Le plus nul, ça doit être quand un des zombies se sacrifie : il ne lui reste plus que la tête, il a une grenade en bouche, et je ne sais comment il la dégoupille quand des militaires arrivent vers lui. Mais le plus con, c’est que c’est un personnage qui pouvait faire se mouvoir sa main à distance, et celle-ci continue de vivre sa propre vie une fois la tête anéantie… pourquoi ne pas avoir dégoupiller la grenade avec la main, et plutôt que de se faire sauter la tête ?
Wasting away avait de bonnes idées de départ, et si le film est mauvais au final, ce n’est pas à cause d’un manque de moyens, car ceux-ci auraient pu être transcendés si les idées avaient été bien développées.