Journal de Rorschach, 12 octobre 1985.
Ce soir, un Comédien est mort à New York...

Point de départ d'une grande uchronie (ai-je besoin de vous le dire quand on voit Nixon président en 1985 ? :D) qui vient démythifier le super-héros. Car, oui, avec Watchmen, ne vous attendez pas à voir un film de super héros typé Marvel ou même DC (enfin, ils ont édité le comics, donc, ne vous attendez pas à Superman et aux autres, quoi ^^).
Imaginez plutôt Batman qui péterait un câble et irait jusqu'au bout de ses envies de châtiment envers les criminels, avec les autres qui ne savent pas vraiment comment gérer. Vous y êtes ? C'est ce que vous aurez donc régulièrement dans le film, notamment avec Rorschach et le Comédien.

Même si le but de base des deux groupes (le groupe des Watchmen en 1985 et celui des Minutemen de 1945, démantelé depuis longtemps et dont seul le Comédien était encore actif) est classique et connu (protéger l'Humanité), les héros, eux, n'ont rien de tout ça. Ils sont au contraire humains, dans leur imperfection et leurs actes. On est même parfois à la limite du psychopathe.

Ce qui m'amène d'ailleurs à un point qui pourrait importer à pas mal. Le film est interdit aux moins de 12 ans. Et il faut bien avouer que la violence est omniprésente et bien barbare, notamment dans une certaine séquence à la prison... Comme un rappel de la nature profonde de l'être humain et de la naissance des traumatismes de plusieurs personnages.
Le regard même des héros sur la vie et la société est un regard blasé, celui d'hommes qui ont vu trop de choses pour espérer que ça s'arrange, et qui cachent leurs failles derrière leurs masques, au sens littéral comme au sens figuré.
Rorscach laisse exploser sa vraie nature quand il porte son masque (qu'il considère comme son vrai visage), le Comédien tente de cacher ses craintes derrière son cynisme et sa bestialité avant que tout le rattrape, et le Dr Manhattan est tellement omniscient qu'il en vient à se détacher lentement de l'espèce humaine et à se foutre de plus en plus de ce qui peut arriver.

Joli groupe de héros, n'est-ce pas ?
Tout ça se ressent aussi dans les dialogues, où ils crachent tout leur venin, comme pour dire « ce monde est déjà foutu, alors, inutile de faire des compromis ». Tout y passe, de la société au rêve américain, et la fin elle-même, avec le fin mot de l'histoire, force à s'interroger.
La fin justifie-t-elle les moyens ? La paix ne peut-elle être créée que sur une illusion ? Là, ce sera à vous de voir dans quel camp vous vous situez, je ne vais même pas vous spoiler le pourquoi du comment ;)

Watchmen est une claque visuelle et sonore (la BO est à tomber) qui, en plus de vous fournir un pitch de base et une action digne de tout classique des super héros, vient exploser le mythe, le réduire à l'état d'humain, pour mieux montrer des héros « réalistes » et bien schizophrènes, partagés entre leur vie, leur identité secrète, et leurs problèmes en vrac, notamment psychologiques, où personne n'est épargné, dans le film comme en dehors.
Bref, un très bon film, bien qu'il souffre parfois de quelques petites longueurs et d'une certaine confusion du fait que l'histoire n'est absolument pas chronologique, mais on finit par s'y retrouver, on ne s'ennuie pas, et on réfléchit. Que demander de plus ?
Lonewolf
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le 9 mai 2012

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Lonewolf

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