We Are What We Are par Zogarok
Remake de la bête de festival Ne nous jugez pas (2010) du mexicain Jorge Michel Grau, We Are What We Are n'a globalement que des qualités vu de près. Mais la vue d'ensemble est bien plus décevante. C'est d'abord un thriller élégant, à l'allure singulière et disparate, évoquant le gothique anglais old school et le film de fantôme espagnol. Jim Mickle installe une ambiance crépusculaire et menaçante. Son style est subtil, s'attache beaucoup aux personnages, en tout cas ceux des filles de ce père veuf dont la paranoia se replie sur elles.
We Are a une identité à part, en tutoyant divers genres (horreur psychologique, drame, fantastique, gore, slasher), sans en rejoindre aucun. Il en résulte la sensation d'un objet non-polarisé, tournant autour du délire d'un homme qui lui, dans le déni, ne voit qu'une facette de la réalité, à laquelle nous n'avons pas accès. On devrait dès lors pouvoir spéculer sur son intériorité malade, mais le récit est impuissant à ce sujet. Ce n'est pas non plus une béance, c'est pire que ça, c'est un aperçu rabougri, ringard, de scénariste fatigué.
À l'arrivée, somme toute qu'une banale histoire de montée en pression religieuse, avec plate dénonciation de la régression assortie et des vils instincts cachés sous la morale de papier. Emprise avait un point de vue beaucoup plus audacieux et profond, beaucoup plus terrifiant, sans ce type de jugements faisandés pour collégiens humanistes. We Are What We Are demeure un joli essai sur une famille à la claustrophobie induite, un Canine sans prétentions métaphysiques, préférant montrer les effets concrets de ce cannibalisme psychique et total, sans avoir le courage de vraiment se mesurer au monstre.