Moins emballé par We Met in Virtual Reality que par l'autre documentaire en immersion dans un monde virtuel vu avant mais sorti plus tard, Knit's Island - L'île sans fin (2023). Joe Hunting a choisi la plateforme de monde virtuel en ligne VRChat pour capturer les images de son film, un jeu dont le gameplay semble plus proche de Second Life, et propose sans contextualisation aucune d'esquisser le portrait de quelques personnes arpentant les paysages de ce réseau social à un moment particulier : les épisodes de confinement de 2020.


Le sujet est passionnant et le thème particulièrement porteur, puisque le poids de ces enfermements que presque tout le monde a dû supporter il y a quelques années appartient à un patrimoine collectif. L'ouverture proposée par ce genre de territoire numérique apparaît comme évidente, et il n'y a aucun effort à consentir pour imaginer à quel point il a pu constituer des espaces de liberté et de soulagement pour de nombreuses personnes. Je dois avouer qu'il m'a manqué des éléments de contexte pour comprendre le but de cet environnement et mieux appréhender les coutumes dans ce monde à la The Sims, car Joe Hunting s'embarque immédiatement dans l'excitation qui entoure quelques émanations de ce monde virtuel, pour montrer comment des individus isolés chez eux peuvent trouver des moyens de se connecter à d'autres ou se libérer des problèmes du quotidien avec une intensité difficilement questionnable.


Ainsi découvre-t-on très vite dans ce monde de pixels une communauté recentrée autour de la langue des signes, avec notamment une enseignante qui dispense littéralement des cours ainsi que des personnes sourdes-muettes communiquant par ce moyen avec les autres — je n'ai pas tout à fait compris comment étaient retranscrits les mouvements de toutes les parties du corps, car ces derniers paraissent assez naturels au-delà des accessoires ultra bariolés et des petits bugs graphiques omniprésents. On passe successivement d'un petit cours de danse du ventre à une véritable déclaration d'amour en ligne, avec ce genre de moments hautement troublants où l'on peut observer un mariage en ligne, exacte transposition de la cérémonie IRL, ou encore un hommage très touchant au frère récemment décédé d'une des personnes.


L'exploration des relations sociales dans ce lieu et au creux de cette époque est assez captivante, certaines interactions sont suivies dans la durée (un an de "tournage" au total), et de vraies personnalités s'esquissent derrière les avatars. La restriction opérée sur le contenu semble très drastique pour se focaliser spécifiquement sur une poignée d'utilisateurs et de comportements (comme l'histoire d'amour entre DragonHeart et IsYourBoi), ce qui peut laisser une sensation d'inabouti au terme du voyage.


https://www.je-mattarde.com/index.php?post/We-Met-in-Virtual-Reality-de-Joe-Hunting-2022

Morrinson
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le 31 août 2024

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