C'est un très beau film sur la parentalité et qui magnifie le ressentiment des meurtres de Columbine dans une psychologie américaine. A première vue, on pourrait croire à l'enfant qui a le mal absolu par destinée.
Seulement, je ne crois pas à l'essentialisme (être mauvais par essence ou bon parnature) mais à l’éducation. On ne nait ni bon ni mauvais par essence, cela se construit par notre éducation et notre vécu.
De plus, 2 modes d’éducations s'opposent: l’américaine enfant roi et la french éducation comme le démontre Pamela Druckerman récemment dans son livre Bebe Made In France.

Aux USA, l'enfant est considéré comme sacré et peut prévaloir sur tout ce que fait un adulte. Ceci est l'inverse en France. Dans une éducation américaine, si deux adultes discutent et qu'un enfant interpelle sa mère, celle-ci interrompra sa discussion en privilégiant la demande de son fils. En France, on sait dire non à l'enfant et lui faire apprendre la patience. Cette distinction de traitement est importante car une américaine aura tendance à toujours acquiescer ce que demande un enfant, alors qu'une française tendra plus à poser un cadre à ne pas abuser.
Un petit américain sera le centre du monde et obtiendra toujours ce qu'il demande dans l'instant alors que le petit français connaitra une limite à ne pas franchir. La demande devient alors équilibrée et non plus abusive par l'enfant .
Dans le film Eva ne dit jamais non à son fils et se laisse déborder, elle a peur de dire non à son fils et de le blesser. La seule fois où elle dira non, elle blessera accidentellement le bras de son fils. Malheureusement, elle culpabilisera et atténuera la portée éducative de son geste en disant que c'est de sa faute à Kevin (culture du christianisme). Elle ne se rend pas compte qu'en disant non, Kevin apprend une limite, il ne fera plus caca dans sa culotte et ira au toilette comme un grand. C'est en mettant le nez des chatons dans leur merde qu'on apprend à faire leur besoin proprement et correctement.
Si erreur éducative il y a pour Eva, c'est de ne pas avoir su dire non (de même pour le père qu'on n'entendra jamais réprimander le garçon. Toujours atténuer ou trouver des excuses aux bêtises de Kevin ne lui apprend pas le sens du bon et du mauvais. Kevin continue sa malfaisance car il sait que personne ne peut l’arrêter.

Kevin aurait pu continuer longtemps à sévir s'il n'avait pas rencontre une autorité qui lui bloque la ligne rouge. Cette autorité est la police ou la loi nationale. En étant sanctionné pour la première fois de sa vie pour un acte méchant et après 2 ans d'emprisonnement, Kevin réfléchit et prend conscience de son erreur. Il dira qu'il avait une raison mais qu'il n'en est plus sur aujourd'hui.

Être bien se construit par l’éducation et les erreurs qu'on nous signifie. On apprend de nos sanctions pour s’améliorer ensuite.

Lynne Ramsay est une grande réalisatrice, elle sait utiliser la grammaire de l'image pour raconter sans dialogue les situations, les émotions, les pensées de la mère. Tout est bien agencé.
De plus, les 2 acteurs, que j'adore, Tilda Swinton et John C. Reilly, renforcent les scènes par leur merveilleux jeu d'acteur.
Un film à la fois émouvant et réflexif sur le fait d’être mère.
evea
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le 22 juil. 2014

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evea

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