Paradise City
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L'Ost du film, par Monsieur Joe Hisaishi
Une bande-son par Joe Hisaishi. Dans un film coréen. Rien de choquant à ça, Hisaishi expliquant tout simplement avoir été touché par la lettre passionnée, plus encore que par le script qui lui est envoyé. C'est en effet en vibrant sur les créations du maître nippon que Park Kwang-hyun écrit puis modèle avec de nombreuses personnes le scénario de son premier long métrage, film qu'il mettra en scène pour la somme ridicule de 3 200 000 euros... somme qui se verra doublée à la post-prod, mettant en danger la petite société de production qui supporte le projet du jeune réalisateur.
Heureusement, le film fût un succès critique et public en Corée, raz de marée de spectateurs, revues de presse laudatives, carton plein pour la société de Jang Jin.
Si on peut rapprocher la thématique de Welcome to Dongmakgol du célèbre JSA, je préfère directement dire que seul le contexte général est le même, ainsi qu'une vague trame narrative. Les deux films s'attachent en effet à dépeindre les relations Nord-Sud, la réunion des hommes malgré la guerre, l'animosité entre les deux pays sans tomber dans un manichéisme malvenue. Là où JSA place son intrigue à la frontière entre les deux pays, dans une époque contemporaine, Welcome to Dongmakgol se situe en pleine guerre de Corée.
Nous est ainsi narré l'aventure de Neil Smith, pilote américain qui s'écrase dans les montagnes et est recueilli par de naïfs villageois. Sur ces entrefaites arrivent deux déserteurs de l'armée Nord-Coréenne et trois survivants d'une unité communiste. Commence alors une cohabitation difficile au sein de ce village idyllique, perdu dans les montagnes, étranger à toute violence.
Park Kwang-hyun est un réalisateur complet, faisant avec brio passer son spectateur du rire aux larmes. Burlesque, comique de situation apporte à ce village, à cet absurde affrontement entre rouges et alliés, une touche irrésistiblement drôle. J'en veux pour exemple cette impasse mexicaine des plus ridicule, durant plusieurs jours, entre des protagonistes épuisés et des villageois, au milieu de ces deux camps, ignorants tout des armes, de la guerre, de la haine. Insouciant, naïf, à l'image de cette jeune fille un peu folle, Yeo-il au sourire émerveillé. Histoire d'une amitié entre ces soldats, message anti-militariste qui ne tombe pas dans les travers de la condamnation de l'ennemi communiste mais qui insiste sur la violence aveugle des bombardement alliés. Loin de tomber aussi dans un anti-américanisme primaire, le personnage du pilote vient contrebalancer la vision de l'américain impérialiste et testostéroné à l'extrême, bombant le torse tout en décidant, au nom du bien commun, l'éradication d'une zone non explorée. En effet, Neil Smith (Seu Mi-su pour les villageois) découvre et s'épanouit au fur et à mesure de son séjour forcé à Dongmakgol, s'attendrit comme les soldats antagonistes et apprend à rire des petits plaisirs, à l'image de cette phrase après une fête au village
This is life.
Cette société idéal qu'est le village de Dongmakgol n'est pas qu'une société gentiment naïve, réfractaire à la technologie, mais ce présente aussi comme un village auto-suffisant, réticent à manger de la viande, un peuple doux et non-corrompu par la société moderne, vivant dans un état de nature rousseauiste, presque.
Enfin parlons des acteurs, pour clôturer de manière classique. Et le casting s'entend à merveille, en témoigne le making-off, en témoigne le jeu bon enfant et que l'on sent porté par la joie et la bonne humeur. Que ce soit l'excellent Jung Jae-young- peu connu à l'époque, l'excellente trogne couturée de Confession of Murder et la seule raison de voir ce film - Shin Ha-kyun ( acteur chouchouté par Park Chan-wook, impressionnant dans Sympathy for Mr Vengeance, présent dans Lady Vengeance ) et Kang Hye-jung excellente en jeune fille délurée, imprévisible et d'une folie douce, enfantine... belle. De même, soulignons le travail sur les accents du plus bel effet.
Welcome to Dongmakgol est à découvrir, qualité du jeu des acteurs, bonne humeur et maîtrise du récit. Malgré des images de synthèse parfois un peu ratées, rien ne vient entacher ce film qui se clôture de la plus belle des manières. Rire, larmes... et une envie de simplifier sa vie au sortir de cette fable qui sait si bien mêler comédie et drame.
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Créée
le 9 juil. 2015
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