West Side ou Spielberg story

Comme tous les films de Steven Spielberg, West Side Story est un événement. Un évènement qui emballe, qui crée de l'attente mais qui crée aussi des inquiétudes, surtout quand il s'attaque à un monument du cinéma et de la comédie musicale comme West Side Story. La peur d'être déçue par l'un des plus grands génies de notre temps qui a su parcourir les différentes étapes de notre vie en partant de l'innocence de notre enfance avec E.T., pour construire ensuite notre imaginaire avec JURASSIC PARK, nous donner le sens de l'aventure avec INDIANA JONES, voir ensuite LES DENTS DE LA MER générer nos premières angoisses, nous montrer la guerre comme personne avec LE SOLDAT RYAN, pour enfin réveiller notre nostalgie avec READY PLAYER ONE. Si cette liste non exhaustive nous montre à quel point Spielberg a su marquer notre vie au rythme de son cinéma, West Side Story est quant à lui l'expression de tout le génie de son réalisateur qui, à 74 ans, vient nous montrer qu'il est toujours le boss incontesté de notre temps.
Vous l'aurez compris, j'ai adoré le film et je pense qu'il est dores et déjà un pur chef-d'oeuvre qui concentre tout ce qui fait la qualité du cinéma de Steven Spielberg. A commencer par la réalisation qui à chaque plan de chaque scène raconte quelque chose. Que ce soit par la scène d'introduction guidée par un travelling ouvrant sur la ville de NEW YORK, ou lors d'un plan séquence qu'il maîtrise toujours autant dans un commissariat, Spielberg nous en mets plein la vue et étale tout l'étendue de son talent à chaque mouvement de caméra. En une scène d'intro Spielberg explique presque sans dialogue la hiérarchie au sein des gangs, les enjeux qui règnent autour de la destruction de leur quartier, et les différents points de tension entre eux.
Je trouve également le choix du cast parfait avec une mention spéciale pour Ariana Debose que j'ai trouvé excellente dans le rôle d'Anita, mais également pour Ansel Elgort qu'on est très heureux de retrouver dans un premier rôle depuis BABY DRIVER. Les autres comédiens sont tout aussi excellent, même si l'acteur qui joue chino reste peut-être un peu en dessous.
La lumière et l'éclairage font également à mon sens la grande qualité du film avec la scène du bal qui est la plus explicite, mais on peut aussi penser à la scène où Tony voit son reflet dans une flaque et qu'il va chercher ensuite Maria pendant la nuit.
Le film est également remplie d'émotion, la relation entre Tony et Maria est extrêmement bien mise en place par le scénario et la réalisation, tout comme celles au sein des gangs.
Par ailleurs, l'histoire, même si tout le monde la connaissait plus ou moins déjà depuis le premier West Side Story de 1961, reste tout aussi pertinente que contemporaine; la gentrification étant un phénomène qui marque toujours autant la vie des quartiers et des populations enclavées, aussi bien à New York qu'à Marseille.
Au final Spielberg nous offre un rendu spectaculaire avec des scènes de comédie musicale où on voit qu'il se fait plaisir. On sent vraiment que le sujet lui tenait à coeur quand on voit avec quelle aisance il parvient à adapter cette comédie musicale historique à notre époque en délivrant un film qui frôle le parfait.