Que ce soit bien clair, je ne suis pas un grand fan du West Side Story de 1961 (reste que je l'ai aimé quand même dans sa globalité, en particulier parce que pas mal de compositions de Leonard Bernstein sont des joyaux !). Je trouve qu'il a quelques défauts qui l'empêchent d'atteindre selon moi le rang de chef-d'œuvre (acteur principal fadasse, alchimie inexistante entre ce dernier et Natalie Wood, des premières minutes en extérieurs, avec vues aériennes spectaculaires de la grosse pomme incluses, apportant un véritable vent de fraîcheur prometteur balayé rapidement par un retour dans les hangars des studios pour tout le reste !), donc je n'étais pas un de ceux qui avaient envie de crier "SACRILÈGE" lorsqu'un remake de la part de Steven Spielberg a été annoncé.


Je ne doutais pas que le cinéaste soit capable de mettre en scène un film musical. Non, mais sérieux, regardez l'introduction d'Indiana Jones et le Temple maudit. Cet hommage à Busby Berkeley est sublime de virtuosité. Il n'empêche, pour West Side Story, je ne voyais pas ce qu'il pouvait apporter de différent par rapport à l'original, surtout après avoir appris que l'action se déroulerait à la même époque.


Des thématiques apparaissant très actuelles à l'instar de la gentrification ou de la place des femmes dans la société (avec même une séquence très #MeToo vers la fin ; elle était déjà dans le Wise-Robbins, mais bon... !) ? C'est juste abordé sur quelques répliques ou au mieux sur une scène, mais ses sujets ne sont pas exploités autrement pour vraiment incorporer l'ensemble.


Les morceaux sont les mêmes (c'est sûr qu'il était impossible de toute façon de surpasser Bernstein !), donc pas de surprise de ce côté-là, que leur ordre soit changé ou non. Si baby driver Ansel Elgort et Rachel Zegler sont mignons tout plein, ils n'ont aucune alchimie (ça fait un point commun avec l'autre dont je me serais bien passé !). Je reconnais que c'est bien que cette fois, les acteurs et actrices partagent l'ethnie de leur personnage, mais à l'exception de Rita Moreno (contente de la revoir, car elle assure totalement aussi ici !), impressionnante de prestance à près de 90 piges, le reste de la distribution manque de charisme ; aucune Rita Moreno ou aucun George Chakiris pour se distinguer parmi toute cette jeunesse.


Et si tonton Steven n'a plus besoin depuis longtemps de prouver qu'il sait faire mouvoir sa caméra, les numéros musicaux ne sont pas particulièrement réussis et percutants, car paradoxalement trop charcutés pour vraiment s'épanouir tout en étant trop longs pour épanouir le spectateur. Par exemple, non, ce n'est pas en multipliant les décors qu'on dynamise un rythme. Oui, je pense à America qui a donné un des grands moments incontestables et incontestés de l'opus de Robert Wise et de Jerome Robbins. Pourquoi ? Parce que la chanson est fabuleuse évidemment, mais aussi pour la manière dont s'est filmé qui met en exergue l'énergie et la gestuelle époustouflantes des comédiens et des comédiennes, pas uniquement des cadres.


Et si le film se veut réaliste (donc violent, ce qui se voit avec des combats au couteau plus frontaux que dans son prédécesseur dans lequel même ramasser un stylo est chorégraphié !), c'est trop lisse, aseptisé pour vraiment atteindre ce but. Pas un mégot de cigarette par terre, pas une tache sur les vêtements. Même les ruines des immeubles détruits sont plus propres que Monsieur Propre. On pourrait pique-niquer dessus sans risquer d'attraper le tétanos.


Ce n'est pas que c'est mauvais, c'est juste inutile, vain. Encore si le metteur en scène avait transposé ce Roméo et Juliette des gangs de rue à notre époque, il y aurait pu y avoir quelque chose de neuf. Ce n'est pas comme si les tensions raciales et autour de l'immigration ne se portent pas toujours à merveille aujourd'hui. West Side Story au temps des réseaux sociaux, pourquoi pas ? Au moins, cela aurait été autre chose qu'une très pâle photocopie.

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le 9 déc. 2021

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